Le président du Venezuela, le socialiste Hugo Chavez, a réitéré ses griefs à l’encontre des autorités colombiennes et plus précisément de son président, Alvaro Uribe, en déclarant que de nombreux problèmes d’insécurité sur le territoire national étaient imputables au pays voisin.
Le chef de l’État vénézuélien a dénoncé le fait que des organismes de sécurité avaient été infiltrés par des « acteurs illégaux » dans le cadre d’une machination orchestrée par les États-Unis afin de déstabiliser son gouvernement au moyen de son allié latino-américain (soit la Colombie).
« Les États-Unis, à travers la Colombie et d’autres acteurs illégitimes comme les paramilitaires ou d’autres formes de violence infiltrent le Venezuela afin d’assassiner et de séquestrer des individus, ce dans le but de discréditer le président », a déclaré Hugo Chavez.
Le président soutient également que des extractions illégales de métaux précieux (or et coltan) ont lieu à divers endroits situés au bord du fleuve Caura et que ces minéraux ainsi récoltés alimentent un trafic de l’autre côté de la frontière.
Le président a aussi profité de cette allocution pour remercier les autorités cubaines pour leur soutien, une aide qui a permis, selon le président, d’apprendre beaucoup en matière de sécurité intérieure, tout spécialement en ce qui concerne « les infiltrés » dans les forces de l’ordre nationales.
« Cuba nous a beaucoup aidé en matière de sécurité, sur la façon d’analyser, d’évaluer et d’améliorer le service sécuritaire car nous avons eu des failles qui ont permis à des infiltrés de s’ immiscer dans la politique intérieure ».
Le président a fait ces déclarations une journée après que l’ancien leader du groupe paramilitaire colombien Autodefensas ait avoué que certains éléments de l’armée vénézuélienne lui avaient proposé l’année 2002 de participer à une action visant à le renverser du pouvoir.
La semaine dernière, les autorités du Venezuela ont rendu public l’arrestation, au mois de janvier dernier, d’un homme qui avait appelé les paramilitaires colombiens à renverser le président au pouvoir.
Selon cet ancien dirigeant paramilitaire Salvatore Mancuso, ni lui ni les autres membres de son groupe n’avaient accepté cette proposition qui leur avait paru être d’emblée « une folie ».
Concernant les suspicions d’espionnage, le président a évoqué le cas récent d’un citoyen colombien (Luis Cossío) marchand de glaces dans le village de Barinitas situé à 520 km à l’ouest de Caracas, une profession, qui selon le gouvernement, lui servait de couverture pour exercer ses activités d’espion.
Chavez a déclaré : « Ici, j’ai en ma possession les résultats de cette enquête, pour tout ceux qui souhaitent s’informer… L’un des facteurs qui accentue notre conviction concernant sa culpabilité est que le président colombien n’a pas cherché à nier qu’il s’agissait d’un espion lorsqu’il a été arrêté, au contraire il est resté détaché. »
Le président vénézuélien a également déclaré que la lutte contre l’insécurité dans son pays répondait à toutes les normes et respectait les Droits Humains car au Venezuela « Nous ne torturons pas les gens, nous ne les faisons pas disparaître et nous ne trouvons pas de faux coupables. »
Les tensions entre les deux pays s’accentuent de jour en jour et les élections présidentielles qui auront lieu prochainement (le 30 mai) en Colombie semblent renforcer l’animosité venezuelo-colombienne.
Il n’y a pas un seul jour où le président Chavez ne mentionne pas Juan Manuel Santos, candidat de droite aux élections présidentielles de Colombie et vice-versa. La campagne électorale colombienne s’est déplacée bien au-delà des frontières et semble alimenter les frictions entre les deux pays. Le président vénézuélien tout comme son homologue équatorien multiplient les attaques verbales contre Santos dont ils redoutent l’arrivée au pouvoir en tant que futur allié possible des Etats-Unis et en tant que trublion à l’expansion socialiste en Amérique du Sud.
« Bien que les Colombiens n’apprécient pas Chavez, il n’en reste pas moins que la population est lasse de ces attaques avec ses pays voisins, il se peut donc que le candidat de droite commette une erreur en s’opposant frontalement au président du Venezuela » a déclaré l’analyste de l’IHS Insights, Christian Voeklel.
« Ce qui est certain, c’est que, jusqu’aux résultats des élections et la mise en place du prochain gouvernement en Colombie, les tensions vont se poursuivre dans la région » a-t-il affirmé.