Chili : L’opération de forage qui doit libérer les mineurs a débuté

Une équipe composée de quatre experts de la NASA, deux médecins, un psychologue et un ingénieur, feront le déplacement jusqu’au Chili cette semaine pour conseiller le gouvernement chilien sur la meilleure stratégie à adopter afin de préserver au mieux la santé physique et morale des 33 mineurs bloqués à 700 mètres sous terre dans l’abri de secours d’une mine de cuivre et d’or située dans le désert d’Atacama.

Le gouvernement chilien a sollicité l’aide de la NASA habituée à gérer ce genre de défis relatifs au confinement d’individus dans un espace réduit, c’est le cas de ces mineurs ensevelis sous la roche depuis l’écroulement des galeries survenu le 5 août dernier.

L’équipe de la NASA voyagera au Chili cette semaine afin d’offrir leurs connaissances en matière de médecine et de nutrition, mais ils interviendront aussi sur les questions de comportement humain et de gestion du stress, c’est-à-dire des méthodes psychologiques pouvant aider les mineurs à surmonter ces mois de confinement forcé. L’idée étant d’apporter « l’expérience de la vie dans l’espace sous la terre ».

Michael Duncan, sous-directeur au bureau médical de la NASA, a mis l’exergue sur la capacité d’organisation dont ont fait preuve les mineurs durant les premiers jours qui ont suivi leur ensevelissement.
« La NASA va proposer ses conseils. Les Chiliens sont très bien organisés et disposent de nombreux moyens. Ils ont fourni un travail important pour aider les mineurs et de fait ces derniers ont beaucoup œuvré à leur survie sous terre, ils ont montré leur envie de s’en sortir en s’organisant de façon à survivre avant l’intervention des équipes de secours ».

« Notre objectif est de les aider dans les domaines dans lesquels ils nous ont sollicités, soit dans le domaine nutritionnel et comportemental afin de préserver au mieux leur santé » a affirmé Duncan.

La situation des mineurs est similaire à celle que peuvent expérimenter les astronautes confinés sur de longues périodes dans la Station Spatiale Internationale, c’est-à-dire dans « des espaces exigus qui peuvent s’avérer dangereux ». L’isolement par rapport au monde extérieur, des espaces réduits, la solitude des individus contraints de partager un espace confiné avec leurs collègues, sont des situations qui peuvent engendrer une grande détresse psychologique.

Duncan a expliqué que la NASA a une bonne connaissance de ces situations de confinement, que ce soit dans l’espace ou dans le cadre d’environnements sous-marins.

Jusqu’à présent aucune expérience similaire d’hommes coincés sous terre durant plusieurs mois ne s’est produite, il s’agit d’une situation humaine unique.

« Les milieux peuvent être différents mais la réponse humaine face à une situation d’urgence est identique, tant d’un point de vue de la condition physique que morale. Par conséquent, nous pensons que l’expérience que nous avons tirée lors de nos précédentes opérations peut être appliquée aux mineurs bloqués sous terre » a conclu Duncan.

« Grace aux moyens de communication établis avec les mineurs, nous savons qu’ils sont optimistes mais il est probable que la situation risque de se dégrader progressivement ».

Or, l’inquiétude se fait d’ores et déjà sentir puisque cinq mineurs présentent des signes évidents de dépression, ils se montrent distants et peu enclins à se nourrir.

C’est hier, lundi 30 août, qu’a débuté l’opération de forage destinée au sauvetage des 33 mineurs retenus prisonniers depuis 3 semaines à 700 mètres de profondeur au fond de la mine San José. Pour y parvenir, les équipes de sauvetage ont fait venir d’Australie une foreuse surpuissante, la Strata 950, qui réunit tous les espoirs pour les mineurs et leurs familles.

Le forage sera effectué vers le lieu où les mineurs étaient établis jusque-là, pour faire parvenir un conduit de 66 cm de diamètre par lequel ils seront secourus un à un. La durée de l’opération est estimée à  trois mois minimum et le puits de secours devrait mesurer 66 cm de diamètre.

Bien que le ministre des Mines chilien insiste sur le fait que le sauvetage devrait prendre trois mois, le président de la république, Sebastián Piñera, a communiqué avec son homologue bolivien, Evo Morales, et il lui a assuré qu’un novembre, il se rendrait à la Paz avec son concitoyen Carlos Mamani, le seul mineur qui n’est pas d’origine chilienne selon le quotidien El Mercurio.

Le ministre préfère rester plus prudent quant aux délais nécessaires à la libération de 33 mineurs « Le gouvernement étudie 10 plans de sauvetage différents au moyen de la foreuse. Ce sont des techniques que nous expérimentons jour après jour », il a affirmé que les délais envisagés étaient à l’heure actuelle de trois à quatre mois mais il a ajouté que « ce serait fantastique si l’intervention s’avérait plus rapide ».

Hier, le Pape Benoit XVI a eu une pensée lors de l’angélus dominical pour les mineurs et leurs proches « Je leur demande de s’en remettre à San Lorenzo (saint patron des mineurs) et je leur assure de ma proximité spirituelle et de mes prières perpétuelles afin qu’ils restent sereins dans l’attente d’un prochain dénouement heureux à l’issu de l’opération de sauvetage. »

En ce dimanche, les mineurs ont été vaccinés contre le tétanos et la diphtérie par Johny Barrios, le mineur qui fait office d’infirmier et qui administrera entre aujourd’hui et mercredi une dose contre le pneumocoque et la grippe à chacun de ses compagnons d’infortune.

« Il avait des connaissances en matière d’injections et de soins, et avec toutes les indications qu’il a reçues, il a été en mesure d’accomplir comme il faut les tâches qui lui ont été confiées » a déclaré un fonctionnaire rattaché à la Santé, Raúl Martínez. « Habituellement, le système normal de vaccination requiert un peu plus de temps entre les injections, mais étant donné la nécessite urgente de les protéger, nous avons raccourci les délais d’attente » a-t-il expliqué.

La décision du Ministère de la Santé s’explique par le fait que les mineurs ont été soumis à une humidité importante et aussi par le fait qu’il existe des risques de contamination lors des envois effectués par les « palomas »  ou « pigeons voyageurs »(sondes de ravitaillement métalliques qui permettent d’envoyer du matériel en provenance de l’extérieur).

« Bien que les précautions sanitaires soient drastiques au moment des envois, il se peut qu’un micro-organisme exogène parvienne jusqu’à eux » a déclaré Martínez.

Les sondes permettent de ravitailler sous terre les mineurs en eau, en aliments, en vêtements propres et en médicaments mais pas seulement, ils ont pu recevoir ainsi une mini caméra leur permettant d’enregistrer une vidéo de 45 mn pour leurs proches, ces images par la suite diffusées aux médias ont permis de découvrir les conditions de vie difficiles de ces hommes sous terre (obscurité, chaleur avoisinant les 32 degrés, promiscuité, manque d’hygiène…)

Dimanche, les 33 mineurs bloqués ont même pu parler, pour la première fois, directement à leurs proches en surface, lors d’échanges courts (environ une minute) à la fois émouvants et rassurants par radio-téléphone.

Les sauveteurs sont également parvenus à leur envoyer des jeux de cartes, des projecteurs vidéo miniatures et des lecteurs MP3 pour passer le temps un peu plus vite. les mineurs ont connu des conditions de vie extrêmes avant l’approvisionnement des secours, durant deux semaines ils ont vécu sur quelques réserves de nourriture (un peu de thon en boîte et du lait), la plupart ont déjà perdu une dizaine de kilos.

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