Equateur : Correa retrouve le palais présidentiel, le calme revient progressivement

Un commando des unités spéciales a pénétré de force, jeudi, dans l’enceinte de l’hôpital, à Quito, où le président de l’Équateur, Rafael Correa, a été retenu pendant plus de dix heures par des effectifs rebelles des forces de police. L’opération militaire a été déclenchée après une journée de protestations généralisées dans tout le pays menées par une partie de la Police Nationale en raison de revendications portant sur la suppression des primes.

Le gouvernement a décrété « l’État d’exception » face au soulèvement des forces de police tant à Quito que dans d’autres villes du pays.

Selon le correspondant de BBC Mundo à Quito, Paúl Mena, le chef de l’état s’était refusé à dialoguer avec les policiers qui ont pris d’assaut les casernes de la capitale et celles d’autres villes en signe de mécontentement contre la décision prise par le gouvernement en place de supprimer certains avantages dont pouvaient bénéficier certains membres des forces de l’ordre.

Le mandataire a donc été évacué de l’hôpital dans un petit convoi d’automobiles cernées par des membres des unités spéciales au milieu d’échanges de coups de feu entre policiers et membres de l’armée.

La situation devant le centre médical était chaotique ce jeudi 30 septembre, avec des dizaines de militaires tirant sur les forces de police tandis que celles-ci n’hésitaient pas à répliquer.Les images retransmises en direct par la télévision locale ont montré des militaires et des policiers blessés.

Quelques minutes après son évacuation, le président Correa est arrivé au Palais de Carondelet, au centre de Quito, où il a été accueilli par une foule nombreuse. Le président a demandé à ce moment-là une minute de silence pour les victimes éventuelles survenues lors de l’opération.

« Lorsque j’ai été libéré, on m’a informé qu’un homme était tombé », a déclaré le président Rafael Correa depuis le balcon du palais présidentiel où il a ajouté qu’il était triste de voir « du sang versé inutilement ».

La Croix Rouge a parlé de deux policiers morts pendant les affrontements. Le Commando des Forces Armées a également informé de cinq militaires blessés pendant l’opération de sauvetage.

Rafael Correa a imputé ce soulèvement policier à l’ancien président Lucio Gutiérrez qu’il accuse d’avoir fomenté cette tentative de coup d’État. Sur les ondes de CNN, Gutierrez a « rejeté les accusations lâches, fausses et téméraires du président Correa ».

La protestation sociale a généré une ambiance chaotique, tout particulièrement à Quito, où l’aéroport a été fermé puis rouvert quelques heures plus tard, selon des informations données par le maire de la capitale, Augusto Barrera.

Le secrétaire juridique à la Présidence, Alexis Mera, a déclaré lors d’une conférence de presse réalisée depuis le palais présidentiel que « l’État d’exception était décrété pour une semaine » et que pendant ce laps de temps les forces militaires assureraient la sécurité dans la pays.

Les troubles ont provoqué un mort et plusieurs blessés (88 environ), selon des sources officielles. En conférence de presse, le ministre coordinateur de la Sécurité interne et externe en Équateur, Miguel Carvajal, a signalé que la personne tuée comme les blessés ont été principalement répertoriés aux abords de l’hôpital.

La sécurité du président Correa a été mise en danger jeudi matin lorsqu’il a été confronté à des centaines de policiers qui, depuis les premières heures du jour, avaient pris d’assaut les installations du Régiment de Quito. Correa s’était alors rendu sur place en compagnie du ministre de l’Intérieur, Gustavo Jalkh, et depuis l’une des fenêtres de la caserne, il a tenté d’expliquer les raisons de ses restrictions budgétaires. « Si vous souhaitez abattre le président, je suis là ».

« Avant vous gagniez des salaires de misère » a affirmé Correa au milieu des cris des policiers, avant d’ajouter « on élimine uniquement tous les petits bonus superflus comme les corbeilles de fin d’année, les primes additionnelles, les assurances maladie privées ».

La politique c’est de prendre des mesures équitables et de revaloriser les salaires pour que tout le monde puisse accéder aux services élémentaires » a affirmé le président.

Le ton est monté lorsque le président a déclaré  » Messieurs si vous souhaitez tuer le président, allez-y, il est devant vous, mais nous continuerons d’appliquer une politique juste et équitable (…), Si vous souhaitez détruire la Patrie, détruisez là, mais le président ne reculera pas ».

Correa est sorti en marchant de l’enceinte du bâtiment et tandis qu’il se dirigeait vers sa voiture il a été attaqué au gaz lacrymogène, il a dû être transporté à l’hôpital où il a été retenu jusqu’à ce qu’un commando spécial le libère dans la nuit de jeudi.

A l’heure actuelle, le calme semble être revenu en Équateur et le président de l’Union européenne, Herman Van Rompuy,a fait une déclaration « Je suis rassuré de voir un retour au calme et à l’ordre constitutionnel en Équateur. Je suis heureux d’apprendre que vous et votre famille êtes sains et saufs », a-t-il déclaré dans un message envoyé à Rafael Correa. « L’UE vous soutient pleinement en tant que président de l’Équateur et ses institutions démocratiquement élues », a-t-il ajouté.

Freddy Martinez, le chef de la police, a présenté sa démission pour ne pas avoir été capable de contenir la rébellion. Une source proche du soulèvement a pour sa part évalué qu’au moins 2 300 agents s’étaient rebellés dans la capitale.

Les violences ont fait, selon un dernier bilan émis aujourd’hui samedi 2 octobre, huit victimes mortelles et 274 blessés. A ce titre, le gouvernement a décrété trois jours de deuil national.

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