Colombie : Les communautés indigènes sont menacées

L’Organisation Nationale des Indigènes de Colombie (ONIC) a révélé que la population infantile indigène ne mangeait pas à sa faim en Colombie. Selon cette entité, les populations évoluant dans le département du Chocó souffrent d’une alimentation insuffisante tout particulièrement les enfants puisque 90 % d’entre eux souffrent de dénutrition chronique (la dénutrition est un état pathologique résultant d’apports nutritionnels insuffisants en regard des dépenses énergétiques de l’organisme).

Le directeur de l’Organisation Nationale des Indigènes de Colombie, Luis Evelis Andrade, a attiré l’attention sur cette situation dramatique et a informé que 71 % de la population infantile de la communauté Hitnú située à Arauca, souffre de dénutrition sévère, et selon des estimations 61 % des enfants pourraient perdre la vie si des mesures sanitaires ne sont pas prises en urgence.

« Il s’agit d’un problème sérieux qui mérite d’être souligné afin de trouver une solution adéquate, je crois que la faim sur les territoires indigènes est une guerre silencieuse qui génère un taux plus important de mortalité que la guerre même au sein des groupes armés. Tous les peuples indigènes pâtissent à un niveau plus ou moins fort du manque de nourriture », a assuré le leader indigène.

L’ONIC a ajouté que 50 % des peuples indigènes étaient en voie d’extinction sur le territoire colombien et a dénoncé un véritable ethnocide culturel et physique qui s’intensifie depuis plusieurs années. « Après avoir possédé pendant plusieurs siècles tout un continent, les indigènes sont sur le point de disparaître, et au moins 35 ethnies sont directement menacées », ont dénoncé des portes-parole de l’Organisation Nationale Indigène de Colombie. L’ONIC, organisation indigène créée au début des années 80, assure qu’en Colombie il existe 102 « peuples ancestraux » ou différentes ethnies indigènes soit un total de 2 millions de personnes sur les 45,27 millions d’habitants résidant au sein de cette nation des Andes.

« Nous mettons en place des plans de préservation, mais les individus continuent de mourir » a déclaré Luis Evelis Andrade, président de la Onic.

Sur les 102 ethnies, 35 sont en danger immédiat, en effet chaque communauté compte moins de 500 membres, a déclaré Andrade, lors d’une interview téléphonique.

Parmi ces groupes menacés, on retrouve la communauté des Inu, qui évolue dans la région de l’Orénoque et qui comprend 550 individus, ainsi que les Siripu, de la région Amazone, un groupe qui réunit seulement 70 membres, a affirmé Andrade.
Il a ajouté que parmi les membres de la communauté Inu,  70 % souffrent de dénutrition. « Ils ont été décimés progressivement tout d’abord sous les effets de la colonisation puis récemment sous les effets du conflit armé ».

Communauté Wayuu

Dans le sud du pays, en Amazonie, la situation est particulièrement dramatique pour la communauté Nukak makú qui rassemble à ce jour 500 membres. Andrade a déclaré que la présence des guérilleros des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC), les bombardements militaires et les fumigations contre les cultures illicites ont poussé les Nukak à se déplacer trop près de centres urbains ou ruraux, un changement d’habitat naturel qui a engendré une augmentation de la mortalité en raison de leur système immunologique déficient. Il y a 10 ans les registres de l’Onic comptaient environ 1000 représentants Nukak, a déclaré Andrade.

 » Si l’on ne prend pas très vite des mesures radicales, ce peuple va disparaître totalement d’ici quelques années » soutient le président de l’organisation. Il a également ajouté que 1700 indigènes de différentes ethnies, dispersées sur tout le pays, ont été tués durant la décennie par des guérilleros, paramilitaires ou narcotrafiquants.

En accord avec le programme présidentiel des droits de l’homme, on a enregistré pour l’année 2009 en Colombie 98 homicides d’indigènes et pour les dix premiers mois de l’année 2010 environ 46 assassinats. Selon l’Onic, la tribu Wayú reste la communauté indigène la plus importante du pays, elle évolue à La Guajira (dans le nord du pays, à la frontière avec le Venezuela) et réunit à ce jour environ 200 000 membres.

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