Mexique : Ciudad Juárez pleure ses morts sous fond d’affaire WikiLeaks

Ciudad Juárez arrive en tête des municipalités les plus dangereuses du Mexique avec 3 951 assassinats enregistrés sur l’année 2010, sur ce total, on compte 476 homicides de femmes, soit un chiffre qui a quasiment triplé par rapport au nombre de féminicides répertoriés en 2009, a révélé la Fiscalía General de l’état du Chihuahua.

L’Etat de Chihuahua, se situe à la frontière avec les Etats-Unis, il a enregistré un total de 7 209 homicides durant l’année 2010, un chiffre qui est sept fois supérieur à celui enregistré il y a quatre ans, et le double de celui enregistré en 2009, selon un rapport émis par la Fiscalía et diffusé par le journal ‘El Diario de Juárez’.

La ville de Chihuahua a été la scène de 1 076 assassinats, parmi lesquels 144 femmes. Ciudad Juárez reste la ville la plus violente avec 3 951 homicides pour l’année qui vient de s’écouler.

Les deux villes se classent parmi les dix villes les plus dangereuses au monde avec un taux de 100 meurtres pour 100 000 habitants, en accord avec la classification du Conseil Citoyen pour la Sécurité Publique. Ces chiffres sont plus importants que ceux donnés par le gouvernement de Felipe Calderón, au mois de janvier 2011, ce dernier rapport place l’Etat de Chihuahua comme le plus dangereux du Mexique, avec 4 581 homicides, soit un Etat qui représente à lui seul 30 % de la totalité des homicides enregistrés sur le territoire national (15 273 assassinats dans le pays pour l’année 2010).

L’Etat de Chihuahua, et plus particulièrement la ville de Ciudad Juárez, subit actuellement les conséquences de la guerre acharnée qui sévit entre les différents cartels pour le contrôle du trafic de drogue, et des principales « routes » d’accès qui mènent vers les Etats-Unis, l’un des plus gros consommateurs de cocaïne au monde. La narco-violence a coûté la vie à plus de 34 600 personnes au Mexique ces quatre dernières années. Pour sa part, le Système National de Sécurité signale que, rien qu’à Ciudad Juárez, environ 4 000 homicides ont eu lieu, alors qu’à Chihuahua, le nombre de morts violentes a atteint un total de 1 000. Tous ces assassinats sont directement liés au crime organisé et particulièrement au narcotrafic, selon ce même rapport.

Ciudad Juarez est tristement célèbre dans le monde, pour son nombre important de féminicides, terme qui a été justement adopté pour la forte proportion d’assassinats de femmes qui ont été enregistrés depuis l’année 1993, lorsque les premiers crimes ont eu lieu.

Selon la Fiscalía General de Chihuahua, l’année passée on a relevé dans cette ville frontière avec les Etats-Unis, 476 assassinats de femmes soit 12 % des homicides survenus dans cette violente localité. Ce chiffre a été multiplié par trois par rapport à l’année 2009, qui comptait 164 victimes féminines en accord avec des chiffres divulgués par la Procuraduría General de Justicia de l’Etat de Chihuahua. Selon ce même document, on a comptabilisé plus de 846 féminicides depuis 1993 dans cette ville du Mexique.

Des organisations civiles et organismes des Droits de l’Homme reprochent au président en place, Felipe Calderón, de ne pas agir en conséquence et de ne pas avoir appliqué la sentence émise en 2009 par la Cour Inter-américaine des Droits de l’Homme qui a rendu responsable l’Etat mexicain de la mort de trois jeunes filles dont deux mineures (Esmeralda Herrera Monreal, Laura Berenice Ramos Monárrez et Claudia Ivette González) survenue en novembre 2001. Une affaire criminelle connue sous le nom de « Campo Algodonero ». La violence est décidément omniprésente à Ciudad Juárez, rien que dans la nuit de lundi à mardi, 11 personnes ont été assassinées, des faits confirmés hier, mardi 15 mars par les autorités.

Parmi les victimes de ces dernières heures, on compte trois hommes qui se déplaçaient dans une voiture, un avocat du pénal qui a reçu 40 balles, a précisé une source du ministère public. Samedi, c’est une jeune femme de 26 ans de nationalité américaine (née à El Paso au Texas), Sonia Guadalupe Rodríguez, qui a été assassinée alors qu’elle se trouvait dans un institut de beauté de l’autre côté de la frontière. Au moins 39 citoyens américains ont été tués à Ciudad Juárez en 2010.

L’ambassadeur des Etats-Unis au Mexique, Carlos Pascual, est réapparu, il y a quelques jours en public après une réunion qu’il a menée conjointement avec le maire de Ciudad Juárez, Héctor Murguía, afin de « réitérer l’engagement des Etats-Unis afin de combattre conjointement avec les autorités mexicaines, la délinquance organisée et assurer l’état de droit ». L’ambassadeur a rendu hommage, un an après, aux personnes du Consulat américain (employée américaine du consulat local des États-Unis, de son mari américain et de l’époux mexicain d’une autre collaboratrice du consulat) qui ont été tués en mars 2010 par des membres de l’organisation criminelle « Los Aztecas ».

Cependant, le diplomate américain a fait son retour par la petite porte après que des révélations émises sur le site WikiLeaks aient mis au jour les critiques de l’ambassadeur envers l’armée mexicaine déployée dans la ville frontalière.

Selon le site WikiLeaks, les autorités américaines avaient connaissance, dès le mois de décembre 2009, c’est-à-dire avant les autorités locales et étatales mexicaines, que le président Felipe Calderón, autoriserait un transfert « d’autorité », la sécurité de la population devant être progressivement confiée à la police fédérale.

Le gouverneur du Chihuahua en fonction à ce moment-là, José Reyes Baeza, et le maire de Ciudad Juárez, José Reys Ferriz, avaient été informés de cette décision en février pour une mise en application dès le mois d’avril 2010. Selon les dernières informations de WikiLeaks, l’ambassadeur des Etats-Unis, Carlos Pascual, était le premier à être au courant de ce transfert de pouvoir entre l’armée mexicaine et la police fédérale (voir article précédent).

Cependant en novembre 2010, le sous-secrétaire général au gouvernement national, Carlos Silveyra Saito, a déclaré que les forces armées reviendraient patrouiller dans les rues de Ciudad Juárez afin de renforcer la sécurité dans la zone.

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