Equateur : L’actrice Angelina Jolie rend visite aux réfugiés qui ont fui la Colombie

L’actrice américaine Angelina Jolie, tout d’abord ambassadrice de bonne volonté du Haut Commissariat pour les réfugiés ou HCR, puis nouvellement promue envoyée spéciale du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (depuis le 17 avril), a fait sa première visite officielle en Équateur, le pays comptant « le plus grand nombre de réfugiés en Amérique latine », comme le souligne l’agence des Nations Unies. La star a effectué ce déplacement, il y a quelques jours, dans le but d’évaluer la situation souvent précaire des déplacés colombiens à la frontière entre leur pays et l’Équateur, pays où ils trouvent refuge après avoir fui les violences armées.

Pour rappel, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR ou HCR dans l’espace francophone), basé à Genève, est un programme de l’ONU. Il a pour but originel de protéger les réfugiés, de trouver une solution durable à leurs problèmes et de veiller à l’application de la Convention de Genève sur les réfugiés de 1951.
C’est le troisième voyage de la star hollywoodienne en Équateur, elle se trouvait ainsi dimanche auprès de deux communautés isolées, vivant au bord du fleuve San Miguel, un cours d’eau qui fait office de frontière naturelle entre la Colombie et l’Équateur, elle a aussi approché la communauté de Barranca Bermeja où elle s’était déjà arrêtée, pour la première fois, il y a deux ans.

L’héroïne du film de Clint Eastwood « L’Échange » se trouvait également dans la communauté de Providencia, où résident 24 familles de réfugiés afro-colombiens, une communauté isolée qui s’est formée en 1994 avec des réfugiés fuyant le conflit armé sur le territoire colombien.
Angelina Jolie a profité de son court séjour dans le pays d’Amérique du Sud pour se rendre à San Valentín, à Lago Agrio, capitale de la province de Sucumbíos, où plus de 60 % de la communauté est constituée de réfugiés vivant dans des conditions d’extrême précarité.

Celle qui a fait beaucoup parler d’elle ces derniers jours dans les rubriques people avec l’annonce de son prochain mariage avec l’acteur Brad Pitt, a passé deux jours en Équateur, le pays qui compte le plus de réfugiés d’Amérique latine et qui accueille près de 1300 personnes par mois venant du pays voisin, des déplacés qui fuient la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Loin des sunlights, la vedette Angelina Jolie, très impliquée auprès des Nations Unies a profité de son passage en Équateur pour demander au ministre des Affaires étrangères, Ricardo Patiño, de poursuivre cette politique d’accueil,  « cette longue tradition qui permet aux réfugiés de trouver asile et aux personnes nécessitant une forme de protection d’accéder à leurs droits ». Par exemple, en juin 2011, ce sont environ 20 500 nouvelles demandes d’asile qui ont été adressées aux autorités équatoriennes, des chiffres révélés par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. La Constitution de l’Équateur, qui est fortement orientée en faveur des droits de l’homme, reconnaît le droit de demander l’asile et les procédures d’asile sont régies par la législation nationale. En janvier 2011, les autorités ont mis toutefois en place de nouvelles règles d’admissibilité pour réduire le nombre de demandes d’asile manifestement infondées. Les directives administratives donnent peu de possibilités d’appel aux demandeurs dont le dossier a été refusé dans la procédure d’asile.

L’agence des Nations unies pour les réfugiés a déclaré « si ces derniers ne trouvaient pas refuge en Équateur, ils ne seraient probablement pas en vie ». De son côté l’actrice a affirmé « personne ne souhaite être un réfugié, personne ne veut quitter son foyer. Personne ne veut vivre sur une terre qui n’est pas la sienne, ni même prier pour obtenir chaque année un visa, personne ne veut ignorer qu’elle va être son existence et celle de ses enfants ou même encore s’ils vont avoir un accès aux soins ou encore à la possibilité de trouver un travail ». Après sa rencontre samedi  avec la communauté de Lago Agrio, une localité proche de la frontière colombienne où elle a pu rencontrer un groupe de jeunes, la star a déclaré « ces personnes sont admirables, ils m’ont émue par leur détermination à améliorer la vie au sein de la communauté et à prendre leur destin en main ». Selon des chiffres émis par le centre d’études de la population et du développement social (Cepar) et du Haut commissaire pour les réfugiés, en Équateur ce sont près de 135 000 colombiens qui ont trouvé refuge pour fuir les répercussions de la guérilla marxiste. 35 % des réfugiés vivent au sein de cinq provinces à la frontière avec la Colombie, 35 % vivent dans la province de Pichincha (dont la capitale est Quito), les 30 autres pour cent sont répartis à travers le pays. Entre l’année 2000 et l’année 2010, l’Équateur a reçu plus de 120 000 demandes d’asile, 90 % d’entre elles proviennent de citoyens colombiens.

« Le gouvernement a pris la décision d’affronter la problématique des réfugiés colombiens dans le strict le respect des droits de l’homme en autorisant une protection juridique et humanitaire à des milliers de citoyens colombiens qui ont été contraints d’abandonner leur pays », stipulent officiellement les autorités équatoriennes. Dans cette optique, les responsables politiques ont débuté en 2009 un « Registro Ampliado de Refugiados », une politique de protection qui a permis à 28 000 ressortissants colombiens, vivant dans l’insécurité et la terreur, de trouver refuge sur le sol équatorien.

En Équateur, la plupart des réfugiés vivent dans la pauvreté ; ce qui restreint gravement leur accès, non seulement aux services essentiels de santé et d’éducation, mais aussi à l’emploi. Par conséquent, des initiatives sont fort nécessaires pour améliorer leur niveau d’intégration et d’autosuffisance.

Si le rythme des nouveaux déplacements liés au conflit armé, et aux violences qui y sont associées, a quelque peu diminué ces dernières années, on estime que 100 000 personnes étaient encore victimes de déplacements forcés à l’intérieur du pays en 2010, des chiffres qui représentaient selon les autorités une augmentation de 35 pour cent par rapport à 2009. À la fin de l’année, le nombre total des déplacés internes officiellement enregistrés s’élevait à 3,6 millions (cumulé depuis 1997). Les populations les plus touchées, en particulier les groupes autochtones et afro-colombiens, vivent dans des zones rurales isolées, comme la côte du Pacifique, la Colombie centrale, Antioquia et les régions limitrophes de l’Équateur et de la République bolivarienne du Venezuela.

Le HCNUDH ou Haut Commissariat aux droits de l’homme précise dans son rapport 2011 (http://www.hchr.org.co/documentoseinformes/informes/altocomisionado/Informe2010_esp.pdf) pour la Colombie qu’environ 4 millions de colombiens ont dû fuir leurs terres pour cause du conflit armé, laissant derrière eux entre 3 et 6,5 millions d’hectares de terres. Saluant l’adoption en 2011 de la Ley de Víctimas y de Restitución de Tierras, qui vise à permettre le retour des personnes déplacées , mais aussi la possibilité pour les victimes de demander des réparations et la restitution de leurs terres, le rapport souligne toutefois le caractère spécialement conflictuel de ce processus.

Dans son rapport 2010, la CICR affirmait que « les déplacés colombiens » étaient presque « invisibles » dans les zones rurales précisant qu’après le Soudan, la Colombie (Soudan : 4,9 millions, Colombie : 3,3 millions et Irak 2,7 millions) était le pays avec le plus de déplacés internes au monde : 3,3 millions de personnes soit 7,3 % de la population.

La Croix rouge internationale s’intéresse de près à la situation de la Colombie, le pays qui constitue la plus vaste opération du CICR dans les Amériques. Les activités du CICR portent sur la protection des civils, l’assistance aux personnes déplacées et aux communautés touchées par le conflit, l’aide aux personnes touchées par la contamination par les armes, l’appui aux familles des personnes disparues, les visites aux détenus, la promotion du droit international humanitaire (DIH), la coopération avec la Croix-Rouge colombienne et les autres composantes du Mouvement présentes en Colombie. En 2011, les départements où le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) a enregistré une flambée des hostilités et des conséquences qui en découlent pour les habitants démunis ont été ceux de Cauca, Nariño, Antioquia, Córdoba, Putumayo, Caquetá, Meta, Guaviare et, durant les derniers mois de l’année, de Norte de Santander.

Cette visite menée par une star d’envergure internationale a eu le mérite d’attirer l’attention des médias sur une situation que beaucoup ignorent, à savoir l’expatriement contraint de milliers de Colombiens, victimes du conflit qui oppose l’armée et les forces de l’ordre aux groupes terroristes qui sèment la terreur sur le territoire depuis plusieurs décennies.

(Aline Timbert)

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