Alors que le volcan indonésien Sinabung a endeuillé, ce week-end, l’île de Sumatra en faisant au moins 15 morts lors d’une éruption aussi violente que soudaine, un autre géant menace cette fois en Équateur, pays d’Amérique du Sud où le volcan Tungurahua manifeste lui aussi des signes de nervosité depuis plusieurs jours.
Le volcan Tungurahua, situé au coeur des Andes, plus précisément sur la cordillère royale, entre régulièrement en éruption depuis 1999. Devant l’intense activité éruptive du colosse, les autorités ont décidé, samedi, de déclencher l’alerte orange (le niveau qui précède l’alerte rouge, le stade le plus élevé de danger) et de déclarer l’état d’urgence dans les zones menacées à savoir les provinces de Tungurahua et de Chimborazo.
De nombreux villages localisés dans cette zone se situent dans la zone d’influence du Tungurahua, mot qui, en langue indigène quechua, signifie « gorge de feu », un nom évocateur qui traduit bien les craintes qu’il suscite.
Toutefois, bonne nouvelle pour les habitants soumis au bon vouloir du géant qui les toise, le volcan semble s’être un peu apaisé hier dimanche 2 février, comme a tenu à le souligner le responsable de l’institut de géophysique d’Équateur. Cependant, la prudence est toujours à l’ordre du jour et des centaines de personnes ont été évacuées préventivement. Les habitants ont quitté leurs foyers dans la nuit de samedi par précaution, une information donnée par les services de sécurité ECU-911.
Samedi, les autorités ont déclenché l’alerte orange, le principe de précaution est de rigueur
Pour le moment, aucune victime ni même dommages matériels ne sont à déplorer, cependant des chutes de fragments de roches volcaniques ont été enregistrées dans les secteurs ruraux de Tungurahua, où des militaires et policiers ont été dépêchés pour répondre à une éventuelle urgence. Par ailleurs, sous l’effet du vent, des pluies de cendres ont frappé les provinces de Azuay, Cañar et Loja avec les conséquences que l’on connait sur la santé : voies respiratoires encombrées (en particulier pour les personnes présentant des troubles respiratoires comme l’asthme), irritations oculaires ou encore de la gorge et du nez. Le trafic aérien a même dû être suspendu temporairement entre Quito et qu’Cuenca, la troisième ville de l’Équateur. L’accès par la route depuis Ambato (capitale de Tungurahua) en direction de la localité de Baños (qui permet de relier la sierra à l’Amazonie) au pied du volcan, a également été fermé.
Pour rappel, en 1999, 18 000 habitants de Baños avaient dû être évacués après l’éruption du Tungurahua, ce lieu fortement touristique reçoit près d’un million de visiteurs chaque année, selon les autorités locales. En 2006, l’éruption du volcan a fait six morts dans un village de Chimborazo et des dégâts matériels importants, une coulée de lave meurtrière qui reste gravée dans toutes les mémoires.
L’alerte orange déclenchée samedi par le Secrétariat national de la gestion des risques (SNGR), a remplacé l’alerte jaune qui était en vigueur depuis le mois de novembre et qui concerne les localités situées à proximité du volcan.
Situé à 5029 mètres d’altitude, le Tungurahua est l’un des 27 volcans les plus actifs du pays, il fait partie des volcans d’Équateur localisés sur la « Ceinture de feu du Pacifique ».Il connaît des regains d’activité réguliers, plus ou moins intenses, depuis 1999, en 2010 les autorités ont même déclenché l’alerte rouge afin d’évacuer temporairement des milliers d’habitants et de touristes, fort heureusement aucun incident n’a été enregistré.
Depuis quelques jours, les scientifiques enregistraient des explosions modérées avec des colonnes de cendres s’élevant jusqu’à 5 km au-dessus du cratère, des émissions de flux pyroclastiques ont également caractérisé l’activité du colosse en ce début du mois février.
Un dernier rapport présenté dimanche par l’organisme de géophysique équatorienne a signalé « une baisse progressive de l’activité du volcan » qui se situe à 130 km environ de la capitale du pays.
« Il est actif, mais pas autant qu’hier après-midi. Son activité est un peu descendue, mais elle est toujours considérée comme élevée », a affirmé dimanche la scientifique de l’Institut de géophysique, Alexandra Alvarado.
Même si l’extrême vigilance est toujours d’actualité, les autorités espèrent pouvoir repasser en alerte jaune dans les prochains jours si le géant andin ne présente pas une activité volcanique plus préoccupante. L’activité éruptive du volcan pourrait néanmoins perdurer encore deux ou trois semaines.
(Aline Timbert)