Honduras : La violence n’est pas seulement un problème national pour le président

Le président du Honduras, Juan Orlando Hernández, n’a pas pratiqué la langue de bois lors d’une récente allocution effectuée à l’Université nationale autonome alors qu’il signait un accord avec le Secrétariat à la sécurité pour renforcer les observatoires sur la violence, un fléau qui gangrène ce pays d’Amérique centrale.

À cette occasion, le chef de l’État a pointé du doigt la responsabilité de la Colombie, du Mexique, mais aussi des États-Unis en dénonçant leur implication dans l’insécurité latente qui empêche les citoyens honduriens de vivre en paix « ils ont l’obligation de participer à la recherche d’une solution », voilà le message qu’il a martelé.

honduras19012015-1Le mandataire hondurien a insisté sur le fait que la violence n’est pas uniquement un problème national, mais bel et bien international, en appelant au respect de ses homologues et à leur engagement à mobiliser leurs forces pour éradiquer le problème.
« Nous pouvons aussi dire à des pays comme le Mexique, la Colombie et les États-Unis qu’il existe une responsabilité commune sur le thème de la violence en Amérique centrale, produit du trafic de drogue », a-t-il déclaré depuis l’université située à Tegucigalpa. Il a également précisé que, lors d’une visite effectuée il y a un an à Washington, le président américain Barack Obama a accepté d’assumer cette responsabilité concernant le narcotrafic et la violence illimitée qui en résulte.

« Aussi petit que vous puissiez considérer notre pays, l’État du Honduras est en droit de réclamer un traitement respectueux qui nous permettent de dire à des pays comme la Colombie, le Mexique, les Etats-Unis ‘vous êtes aussi responsables de ce qui se passe et par conséquent vous avez aussi le devoir de participer à la recherche d’une solution », a affirmé le président de la République.

Il est indéniable que le fait que le Mexique et la Colombie soit des pays producteurs de drogue et que les États-Unis soient un pays demandeur de stupéfiants, implique que l’Amérique centrale soit utilisée comme pont par les trafiquants de drogue sud-américains, une région qui abrite également des laboratoires pour transformer la coca en cocaïne.

« C’est un problème national, mais aussi international, c’est un problème d’État, c’est le problème de la population en général, mais aussi de la famille », a affirmé Juan Orlando Hernández en incitant les pays concernés à accepter une coresponsabilité dans cette lutte sans merci contre les gangs.

honduras19012015-3Hernández a également cette occasion souligné que le pays a réduit le chiffre des homicides avec 16 meurtres quotidiens selon l’observatoire de la violence de a UNAH et la Secretaría de Seguridad, contre 20 homicides en 2013.

« La diminution des indices d’homicides durant l’année 2014 est le produit du travail entre l’État, la société civile et le peuple hondurien », a affirmé le président élu le 27 janvier 2014 et qui a fait de l’éradication de la violence une priorité. Il a ajouté « nous sommes tous responsables du thème de la délinquance qui s’est accentuée depuis 2009. Il n’est pas juste que nous ne fassions rien. Nous sommes en train de prendre des décisions de prendre des risques, mais c’est nécessaire d’agir, car cette situation s’explique par le renoncement de l’État en matière du contrôle de la violence dans les différentes régions du pays ».
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Le président a également mentionné son implication dans la lutte contre la corruption, au sein des forces de l’ordre par exemple, un point essentiel pour freiner la criminalité « s’il y a bien quelque chose de clair c’est que la paix et la sécurité se construisent chaque jour, le fait que nous ayons oublié à ce point nous a attiré de grands problèmes ». Une déclaration qui se fonde sur les chiffres de la criminalité qui ont explosé entre 2006 et 2009, le taux d’homicide ayant augmenté de 80,54 pour 100 000 habitants.

Juan Orlando Hernández a multiplié les déplacements pour défendre son message de coresponsabilité « cela nous coûte beaucoup, mais nos efforts paient, car même la Colombie reconnait sa responsabilité et sa volonté de participer, et la route a été difficile ».
Le Honduras est à ce jour, le pays sans conflit armé qui enregistre le plus grand nombre d’homicides de la planète selon le bureau des Nations unies contre le crime et les délits avec 86,5 assassinats pour 100 000 habitants. C’est aussi le pays d’Amérique centrale par lequel transite environ 90 % de la cocaïne que l’on retrouve sur le territoire des États-Unis, le fléau du trafic de drogue qui menace la population au quotidien.

Le Honduras est à ce jour le point d’entrée le plus « populaire » pour le transfert de la cocaïne en direction du nord, les flux de transit des stupéfiants ont augmenté de façon significative après 2006 et encore davantage après le coup d’État de 2009. Sur 80 ooo kilos de cocaïne qui arrivent sur le territoire des États-Unis, environ 65 000 kilos transitent préalablement par le territoire hondurien.

L’Amérique centrale n’est pas seulement une zone de transit pour la drogue, cette région du monde est devenue une zone de conflit armé, les différentes organisations criminelles se disputant le contrôle de ce trafic lucratif.

(Aline Timbert)

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