Pérou : Le mercure, un terrible poison qui menace sérieusement la santé des natifs Nahua

perou04042016

Voilà un chiffre alarmant qui donne des frissons, les natifs Nahua souffrent d’un empoisonnement à petit feu qui coûtent la vie à certains d’entre eux, 80 % des indigènes de cette communauté péruvienne souffrent en effet d’une contamination au mercure, un élément toxique qui menace sérieusement leur santé. Pour les experts, les Nahua sont victimes en partie de la pollution engendrée par le projet gazier Camisea développé en forêt amazonienne, une exploitation rejetée dès le départ par les communautés locales en raison de l’impact écologique sur l’environnement naturel, des craintes qui s’avèrent aujourd’hui malheureusement justifiées.

Les activités minières illégales qui se développent au cœur de la selva (forêt tropicale sud-américaine) sont également à l’origine d’une pollution désastreuse, la quête de l’or est une épée de Damoclès qui pèse sur les autochtones, les défenseurs infatigables de leurs territoires ancestraux et qui dépendent de l’équilibre de leur habitat naturel pour survivre.

Un petit garçon de 5 ans de la communauté Nahua est décédé au cours du mois de janvier lors de son transfert depuis Pucallpa jusqu’à un hôpital de Lima, a informé les autorités sanitaires, l’enfant présentait une insuffisance rénale aiguë, faute d’autopsie les causes exactes de son décès n’ont pas pu être déterminées, mais un fait a été avéré, le petit garçon présentant des taux élevés de mercure dans le sang. Les premiers cas d’intoxication au mercure ont été détectés en novembre 2014 parmi les Nahua, 79 % d’une population de 106 personnes (sur un total de 351 personnes) présentent des fortes traces de mercure inorganique.

Les autorités gouvernementales disent ignorer les sources de l’empoisonnement de la communauté. Le gouvernement régional d’Ucayali a survolé la zone pour déterminer s’il y avait la présence d’exploitations minières illégales, mais rien n’aurait été signalé à ce niveau-là.

En outre, elles ont également évalué si la proximité de bloque 88, où l’entreprise Pluspetrol fonctionne, pourrait être la cause, mais cette hypothèse a été aussi exclue.

Une forte concentration de mercure dans les poissons d’eau douce a été enregistrée, or la population se nourrit essentiellement des produits de la pêche, la présence de mercure dans le sang peut affecter les organes vitaux comme les poumons et les reins. Selon l’Organisation mondiale de la santé, il est l’un des dix éléments particulièrement problématiques pour la santé.

Au mois de mai dernier, la Direction régionale de la santé d’Ucayali (située au nord-est du Pérou, la région fait géographiquement partie du bassin de l’Amazone) a procédé à des prélèvements d’échantillons d’urine chez 106 personnes de Santa Rosa de Serjali. À cette occasion, il a été découvert que les trois quarts de la population présentent des niveaux de mercure au-dessus des valeurs autorisées. Au sein de la population, les enfants sont les plus touchés en raison de leur vulnérabilité (63 % d’entre eux) .

« La pollution au mercure est extrêmement délicate pour la santé humaine, en raison de ses conséquences irréversibles, par conséquent, les autorités sanitaires devraient multiplier les investigations afin de limiter la source de pollution nuisant à la population autochtone », a affirmé la leader indigène, Nery Zapata.

Des organisations telles que Survival International et l’Association interethnique pour le développement de la forêt péruvienne (AIDESEP) ont lancé un cri d’alarme au gouvernement afin de mener des études médicales sur les autochtones et publier les résultats, de sorte que cette contamination puisse s’arrêter et que les responsables soient punis.

« Nous avons besoin d’une intervention agressive pour résoudre un problème très grave. Ces communautés ont un statut immunitaire vulnérable, en raison d’un contact initial, qui doit être respectée », a déclaré le sous-ministre au Multiculturalisme, Patricia Balbuena.

Walter Leveau, de la Direction régionale de la santé de l’Ucayali, a déclaré que le conseil régional a déclaré une urgence sanitaire au sein de la communauté, mais juge cette mesure encore insuffisante.

Stephen Corry, le directeur de Survival, ONG qui défend les droits indigènes à travers le monde a affirmé : « Les autorités péruviennes ont toujours été indifférentes aux problèmes auxquels sont confrontées les communautés indigènes et la négligence totale dont elles font preuve face à cette situation le montre bien. Si cette situation s’était produite à Lima, elles n’auraient pas réagi de manière aussi désinvolte et n’auraient pas été aussi lentes à publier leurs premières conclusions. Il est tout simplement scandaleux que le gouvernement ne fasse pas davantage d’efforts pour régler cette crise. Le fait qu’il n’ait pas rendu publiques les informations à sa disposition est également très révélateur ».

De nouvelles enquêtes montrent également des niveaux alarmants de mercure parmi les peuples autochtones Yanomami et Yekuana de la forêt amazonienne. La fondation sanitaire brésilienne Fiocruz conjointement à l‘Asociación Yanomami Hutukara, l’ONG brésilienne ISA (Instituto Socioambiental) et la Asociación Yekuana APYB ont rédigé une étude à partir de prélèvements capillaires de natifs appartenant à 19 communautés, cela révèle que plus de 90 % des habitants originaires de la région sont sérieusement affectés.

Le chaman et porte-parole yanomami, Davi Kopenawa, a sollicité la représentante sur les Droits des peuples indigènes avec ses preuves à l’appui au mois de mars « nous sommes préoccupés par les résultats de cette recherche. Cette contamination affecte les plantes, les animaux et les générations futures », a affirmé Reinaldo Rocha, indigène yekuana.

Les Yanomamis isolés forment l’une des communautés les plus fragiles au monde, ils sont donc particulièrement menacés. Or des mineurs illégaux opèrent sur leur territoire, ils polluent les rivières avec du mercure utilisé au cours du processus d’extraction du métal doré. Le mercure pénètre ensuite dans la chaîne alimentaire via l’eau que consomment les Yanomami et les poissons qu’ils mangent, l’essentiel de leur régime alimentaire.

Les procureurs fédéraux brésiliens analysent les résultats de l’étude et continuent à faire pression pour mettre fin aux activités minières clandestines sur les territoires ancestraux des natifs chaque jour mis à mal, la pérennité de ces communautés indigènes en dépend…

Un commentaire

  1. Sandaleux ces pollutions, les industriels doivent payer !

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