Colombie : Pour l’ONG Fucai, la communauté native wayuú est « au bord de l’extinction »

colombie10052016

La pénurie d’eau, qui est due à la nature désertique de la région de La Guajira, mais aussi aux projets miniers qui ont proliféré ces dernières années, menacent sérieusement la survie de la communauté wayuú en Colombie, ce sont près de 5 000 enfants qui ont déjà succombé de la malnutrition au cours de ces huit dernières années.

Il y a quelques semaines, le chef de l’État, Juan Manuel Santos, a convoqué une réunion extraordinaire pour alerter sur la situation et trouver des réponses à cette situation dramatique en clamant « plus un seul enfant ne doit mourir de dénutrition, que ce soit à La Guajira ou dans le reste du pays… La mort d’un seul enfant est une honte pour le pays ! ».

Mais malgré ce cri d’alarme, pour les Wayuú confrontés à une sécheresse intense qui sévit depuis quatre ans, cette zone est devenue un piège mortel, en l’absence de précipitations, ce lieu inhospitalier oblige les natifs à parcourir de longues distances à la recherche de points d’eau afin de ne pas mourir de soif. C’est justement en quête de ce précieux liquide que six indigènes de l’ethnie wayuú, ont perdu la vie, une nouvelle rendue publique par des leaders de l’Alta Guajira qui ont dénoncé le décès de quatre personnes au cours des derniers mois alors qu’ils cherchaient de l’eau dans des puits artisanaux, et deux autres au cours de l’année 2015.

Ruth Chaparro, la directrice de l’ONG Fucai, a averti que les Indiens Wayuú, sont « au bord de l’extinction », et ce à cause des autorités qui ont validé la prolifération de projets miniers qui a drainé le peu d’eau de la région, une ressource essentielle à la population indigène dans cette zone aride.
Cette communauté native vit dans le département le plus septentrional du pays sud-américain (La Guajira), fortement marqué par le désert du même nom (à 610 km au nord de Bogotá) l’aridité a été accentuée, car des cours d’eau ont été déviés pour des intérêts énergétiques servant les entreprises.

Les Wayuú, sont un peuple autochtone installé dans le nord de la Colombie, une zone désertique où  le peu d’eau dont  cette communauté autochtone a besoin pour sa survie a tristement été utilisé à des fins mercantiles.
Outre le problème du manque d’eau, l’absence d’accès à la santé est aussi une source de préoccupation majeure, en cas de maladie, les plus fragiles ne sont pas traités, ce qui entraîne des complications parfois mortelles.

Les dirigeants ont affirmé que même si la saison des pluies est enfin arrivée depuis peu, elle a apporté son lot de dommages, des maisons ont été dévastées par le vent et de fortes coulées de boue, les natifs ne sont donc pas au bout de leurs peines.
Enfin, il est à noter que l’eau de pluie est utilisée par plusieurs mères de famille pour cuire le peu de nourriture à leur disposition, une pratique qui inquiète, car elle menace la santé des enfants.

La question de la situation critique de cette communauté autochtone est arrivée jusqu’à la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), qui a ordonné à la Colombie d’adopter des mesures de précaution en considérant que « la vie et l’intégrité personnelles » des Wayuú « est en danger en raison du manque d’accès à l’eau potable ». Mais visiblement rien ne change dans les faits, et les décès liés au manque d’eau potable se poursuivent depuis cette requête adressée il y a un an au gouvernement.
Ruth Chaparro a appelé la communauté internationale à accorder « une protection complète et immédiate » à la communauté Wayuú en impliquant les autorités, les sociétés minières et les consommateurs eux-mêmes parce que « 80 % du charbon produit dans La Guajira prend la destination de l’Europe ».

La leader wayuú, María Tiller, de l’Association indigène Alejia Wakuaipa (« Retour à notre culture »), a confié récemment que les problèmes dans cette région n’étaient pas nouveaux et a accusé l’État d’avoir oublié La Guajira et ses habitants : « Les communautés doivent se rendre jusqu’à la route pour chercher de l’eau… Je parle d’une distance de 15 à 20 km. La réalité de toutes ces communautés qui se trouvent là c’est l’absence de l’État ».

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