Dimanche dernier, le pape François a mis fin à une visite de cinq jours sur le territoire colombien (du 6 au 11 septembre), à cette occasion le Saint Pontife a visité des villes emblématiques du pays à savoir Bogotá, Villavicencio, Medellín et Carthagène, des milliers de fidèles sont venus l’accueillir, il s’agissait de la première visite officielle du plus haut dignitaire du Vatican depuis 1986, année qui avait vu l’arrivée de Jean Paul II dans le pays sud-américain.
Le pape a choisi de visiter la Colombie à un moment phare de l’histoire du pays alors que le président colombien, Juan Manuel Santos, est parvenu à signer la paix avec la guérilla armée des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) après plus d’un demi-siècle de conflit armé.
Après plusieurs années de négociations dans le cadre du processus de paix mené par le chef d’État à La Havane, les FARC ont officiellement abandonné les armes le 27 juin dernier et ont entrepris d’avancer sur la voie longue et difficile de la réinsertion dans la société civile. Quelques jours avant l’arrivée du pape, les FARC ont décidé lors d’un congrès de maintenir le sigle de leur mouvement, mais cette fois en tant que parti politique (Fuerza Alternativa Revolucionaria del Común). En tant que parti, les FARC feront désormais partie du développement politique et institutionnel de la Colombie.
La Colombie est encore un pays fortement catholique, à ce titre l’Église continue d’avoir un rôle fondamental dans la vie politique et a même pris part à ce titre aux pourparlers du processus de paix., le pape a insisté durant son séjour sur l’importance du pardon, de la réconciliation et de l’acceptation du processus de la paix.
Il faudra un certain temps avant que l’impact de la visite du pape puisse être être correctement évaluée, mais une chose est certaine, le Saint Pontife a montré à la Colombie, et surtout à son Église conservatrice, un christianisme très différent de celui qui se répand dans les églises du pays. L’Église catholique a habitué les Colombiens à se focaliser sur des champs d’action conservateurs comme la lutte contre l’éducation sexuelle, la planification familiale, l’avortement, le mariage homosexuel, l’adoption d’enfants par des couples homosexuels ou encore l’euthanasie. Et bien que le pape François ne se soit pas référé directement aux problèmes de morale qui monopolise l’Église de Colombie, il a centré son discours sur la paix, le pardon et la réconciliation, des points essentiels pour aller de l’avant, selon lui, dans ce pays meurtri par la violence.
(Vidéo du 07/09/2017)
Après la visite du pape, le pays doit poursuivre sa route vers une vie « post-conflit », abordant également les grands défis qui persistent en termes de violence, de pauvreté et d’inégalité.
Ce processus de paix a été empreint d’embûches, le 2 octobre dernier, à l’occasion d’un référendum intitulé « Êtes-vous favorables à l’accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable ? », le non l’avait emporté obligeant les FARC et le gouvernement à de nouveaux ajustements. Les présidents Andrés Pastrana (1998-2002) et Alvaro Uribe (de 2002 à 2010), étaient les principaux détracteurs de l’accord de paix, aujourd’hui, des millions de Colombiens ont encore du mal à accepter ce dénouement et ne veulent pas pardonner ou voir les anciens guérilleros sur la scène politique.
Le processus avec les FARC a divisé la société colombienne de sorte que le nouveau défi du pays est la réconciliation de tous les Colombiens. Rodrigo Londoño, ex-guérillero, qui a été l’un des acteurs majeurs des FARC, a ainsi demandé au pape François de pardonner les douleurs et les larmes causées par les FARC.
L’ancien chef des FARC connu sous les pseudos de « Timochenko » et « Timoleón Jiménez » s’est excusé auprès du pape François pour les actions armées menées par la guérilla marxiste pendant 50 ans, des exactions qui ont coûté la vie à près de 220 000 Colombiens et qui a contraint plus de six millions de personnes à se déplacer sur le territoire.
En ce qui concerne le narcotrafic qui persiste et a augmenté en Colombie ces derniers temps, le pape a adressé ce message depuis Carthagène : « Je pense au drame déchirant de la drogue, dont certains profitent en méprisant les lois morales et civiles, ce malin attaque directement la dignité de la personne humaine et brise progressivement l’image que le Créateur a façonnée. Je condamne fermement ce fléau qui a mis fin à tant de vies et qui est maintenu et soutenu par des hommes sans scrupules ».
Pour conclure son voyage en Colombie, le papa a lancé « je voudrais assurer que je prie pour chacun des pays latino-américains, et de manière spéciale pour le Venezuela voisin ». Le Saint-Siège a annoncé lundi 19 juin que le pape François, d’origine argentine, effectuera un voyage apostolique au Chili du 15 au 18 janvier 2018 et au Pérou du 18 au 21 janvier, il s’agira du sixième voyage du pape François sur ses terres natales d’Amérique latine.
(Vidéo du 11/09/2017)