La dépouille d’un chirurgien pré-inca mise au jour dans le nord du Pérou

De récentes études scientifiques, dévoilées au grand public, faisaient mention de la capacité du célèbre peuple inca à effectuer des trépanations, une chirurgie qui consistait à percer le crâne humain pour soulager les dommages causés par des coups violents. Des interventions réalisées, faut-il le rappeler, sans anesthésie ou antibiotiques, avec un taux de réussite approchant 80 % ! En comparaison, le taux de survie pour ce type d’opérations, durant la Guerre de Sécession, a été estimé à 50 %.

Les trépanations étaient fréquentes dans le Pérou précolombien

Un chirurgien pré-inca retrouvé dans la région archéologique de Lambayeque

Aujourd’hui, le Pérou a une nouvelle preuve de l’habilité des populations précolombiennes à réaliser ces impressionnantes opérations du crâne. En effet, des archéologues ont mis au jour la dépouille d’un chirurgien appartenant à la culture de Sicán (pré-inca), sur un site archéologique de la côte nord du pays sud-américain. Ce dernier reposait au sein de la nécropole sud du temple Huaca Las Ventanas, dans la forêt de Pómac (province de Ferreñafe).

En fait, le défunt, qui a vécu entre 900 et 1050 apr. J.-C., avait à ses côtés un couteau emblématique nommé « Tumi ». Carlos Elera, archéologue et directeur du célèbre musée Sicán, a qualifié cette découverte de rare, puisque tout son équipement chirurgical, ainsi que des morceaux d’os crâniens (des blessés qui auraient été opérés par ce médecin), ont également été retrouvés sur place.

Par ailleurs, le notable précolombien, enterré à environ 800 km de l’actuelle capitale Lima, portait un masque en or, un grand pectoral en bronze et d’autres objets de valeur témoignant de son rang élevé au sein de la société de Lambayeque.

« Le personnage était un spécialiste des trépanations crâniennes et ses instruments chirurgicaux étaient tous en lien avec les opérations du crâne humain ».

a déclaré la responsable du Musée national de Sicán.

Dans l’ancien Pérou, la trépanation crânienne était une pratique courante en tant qu’intervention chirurgicale pour soulager les œdèmes ou retirer des débris d’os du crâne. En effet, les guerriers précolombiens recevaient fréquemment des chocs violents à la tête lors d’affrontements. Or, la trépanation constituait souvent leur seule chance de survie.

De multiples instruments servant aux trépanations retrouvés auprès du chirurgien pré-inca

Le défunt en question a été enterré en position du lotus (jambes croisées), autour de lui, dans son tombeau, des chercheurs ont retrouvé des instruments chirurgicaux tels que des :

  • tumis (à la lame semi-circulaire) ;
  • couteaux en forme de croissant (composés d’un mélange d’or et d’argent) ;
  • dizaines de couteaux avec des manches en bois ;
  • trépans et aiguilles.

De même, la présence d’une écorce d’un arbre, jusque-là non répertorié, a été révélée. Cette écorce devait être utilisée, selon toute vraisemblance, pour ses vertus antalgiques. En fait, le composant végétal devait alors être préparé en décoction pour aider le blessé à supporter la douleur.

Grâce à la découverte de ces instruments, les scientifiques vont pouvoir étudier les différences, ou au contraire, les points communs, avec ceux utilisés de nos jours par le corps médical :

« Nous comparons les instruments d’un chirurgien moderne avec ces objets, pour voir quelles similitudes ils ont en commun », a affirmé l’archéologue Carlos Elera.

Cette découverte passionnante est intervenue dans le cadre de fouilles archéologiques initiées entre les années 2010-2011 dans la nécropole sud de la Huaca (temple) Las Ventanas.

Les explorations sur le site avaient été suspendues en raison des pluies abondantes qui ont frappé la région. Il s’agit en effet d’une zone géographique côtière très impactée par le phénomène climatique « el Niño ». Puis, elles avaient finalement repris cette année.

La culture de Sicán mise à l’honneur dans le musée éponyme

Le Musée national de Sicán célèbre cette année son 21e anniversaire. Ce lieu culturel, après avoir été fermé pendant près de deux ans, a rouvert ses portes le 13 janvier. Cette enceinte regorge d’artefacts exceptionnels et accueille près de 2500 visiteurs par jour.

Ainsi, le musée dévoile au public, à cette occasion, de nouvelles pièces archéologiques au sein de sa collection permanente.

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