Avec la crise énergétique engendrée par le conflit en Ukraine, l’Europe qui manque d’approvisionnement en pétrole russe, voit plus loin pour ses importations.
Ainsi, le Venezuela, riche de son or noir, et écarté de la scène internationale pour ses positions antidémocratiques, reçoit des appels du pied.
La France visiblement disposée à bénéficier du pétrole produit au Venezuela
En effet, lors du récent sommet du G7, à Elmau en Allemagne, La France, par la voix du président Macron, a sollicité les producteurs de pétrole afin qu’ils augmentent leur production de « manière exceptionnelle ». Une production qu’il faut activer absolument pour contrôler la flambée des prix à la pompe.
Mais, il a surtout évoqué le besoin de diversifier « les approvisionnements », une référence à l’Iran et au Venezuela pour combler ce déficit.
Il faut rappeler que Caracas subit les sanctions strictes des États-Unis. En effet, le pays de l’Oncle Sam et le Venezuela n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 2019.
Une rupture survenue suite à la réélection, plus que controversée, de Nicolas Maduro pour un second mandat lors d’un scrutin marqué par une opposition muselée.
Le Venezuela mis de côté en raison de la politique menée par N. Maduro
Toutefois, le conflit armé entre l’Ukraine et la Russie semble rebattre les cartes. Dès lors, le Venezuela soutien du Kremlin, semble à nouveau fréquentable par l’Occident en recherche d’une solution de repli face au manque de pétrole russe.
Ainsi, le Venezuela a accueilli des représentants américains. C’est le président de l’Assemblée nationale Jorge Rodriguez qui les a reçus, un fait rendu public par le dirigeant socialiste.
Officiellement, cette rencontre a pour but de poursuivre les pourparlers débutés au printemps entre Caracas et Washington qui avaient déjà suscité des interrogations. La présence de cette délégation américaine aurait surtout pour objectif de trouver un terrain d’entente par rapport à l’exportation des réserves pétrolières dans ce contexte de crise énergétique et de hausse des prix.
Le Venezuela pourrait fournir jusqu’à 900 000 de barils par jour pour répondre à l’attente, selon les estimations de Swissquote. De quoi rendre l’ennemi d’hier vénézuélien plus fréquentable au cours des prochains mois ?
Maduro se dit prêt à fournir du pétrole à la France et à accueillir les entreprises françaises
Conscient de l’intérêt à nouveau porté par l’Europe et les États-Unis vers son pays, Maduro a lancé un appel direct à la France :
« Président (Emmanuel) Macron, le Venezuela est prêt à recevoir toutes les entreprises françaises qui veulent venir produire du pétrole et du gaz pour le marché européen, pour le marché mondial (…) la route est tracée. Nous sommes préparés, prêts et disposés à le faire », a déclaré le président sud-américain dans un discours diffusé par la chaîne d’État.
C’est dans ce contexte d’embargo décrété contre la Russie de Poutine que le feu vert a été d’ores et déjà donné aux entreprises italienne et espagnole, respectivement Eni et Repsol pour exporter du pétrole vénézuélien vers l’Europe (650 000 barils de pétrole brut prévus comme première livraison).
Maduro, dont la réélection n’avait pas été reconnue par l’Europe, a salué un allégement des sanctions en les qualifiant de « mesures légères, mais significatives ».
Les sanctions contre le Venezuela pourront être encore allégées si le président avance sur le chemin de la démocratie. Ce point implique l’organisation d’un processus électoral libre et juste, a informé un haut responsable américain. Dans le cas contraire, Maduro fera face à un alourdissement des restrictions.
Professeur d’économie internationale et de théorie de la politique monétaire, Carlos Ñáñez, précise que la reprise éventuelle de l’exportation de brut vénézuélien vers des clients habituels comme la France peut améliorer la situation énergétique « complexe » en Europe due à l’invasion de la Russie en l’Ukraine.
Le Venezuela victime d’un profond malaise politique et d’une crise socio-économique dramatique
Le Venezuela, qui tirait du pétrole 96 % de ses devises, a d’abord été fortement impacté par la baisse du prix du baril (entre 2014 et 2019). Ce phénomène a engendré une crise économique majeure frappant de plein fouet les habitants.
Maduro évoquant « la chute la plus brutale de revenus d’exportation de son histoire » sur cette période.
Puis, les sanctions internationales ont encore accru cette crise socio-économique d’une grande intensité. Cette situation, ajoutée à la privation de droits fondamentaux, à l’insécurité, à la violence, à la corruption, à la pénurie (d’aliments et de médicaments) et à une inflation totalement exponentielle, a poussé près de 5 millions de Vénézuéliens a quitté le pays au cours des dernières années.
De fait, il s’agit d’un exode sans précédent déstabilisant pour le territoire latino-américain.
Des pays occidentaux prêts à négocier avec le Venezuela pour limiter la crise énergétique ?
Visiblement, malgré ce contexte, le gouvernement du Venezuela, allié de Poutine, risque de tirer son épingle du jeu auprès de la communauté internationale qui cherche par tous les moyens à remplacer les ressources russes pour limiter l’impact de l’embargo sur les importations en provenance de l’Est.
Reste à savoir si le recours au secteur de l’énergie vénézuélien ne risque pas de compromettre les négociations pour la tenue d’élections présidentielles libres et transparentes dans la nation sud-américaine au cours de l’année 2024.
La situation semble complexe.
Ça serait une bonne solution pour la France d’acheter son pétrole au Venezuela pour compenser les pertes de la Russie, mais est-ce que la France pourrait se permettre de continuer à financer un allié de la Russie ?
Dans tous les cas, pourvu que les tensions s’apaisent au plus vite pour tous.