C’est une sécheresse exceptionnelle, pour ne pas dire historique qui s’abat sur l’Amazonie brésilienne. La forêt tropicale humide source exceptionnelle de biodiversité, qui abrite la plus grande réserve d’eau douce au monde, vit des jours terribles !
En effet, l’état Amazonas confronté à la déforestation, à de multiples incendies, à l’exploitation irraisonnée des ressources naturelles et à la disparition d’espèces endémiques fait face à un manque d’eau cruel.
En fait, la région connait sa pire sécheresse, renforcée par la présence cette année du phénomène météorologique El Niño. Ainsi, le débit de l’Amazone connait son plus bas niveau depuis 120 ans.
Des températures anormalement élevées et des précipitations largement déficitaires, la situation est critique.
La baisse des cours d’eau révèle des vestiges archéologiques sur des rochers
Ces conditions météorologiques constituent un grand désastre environnemental et impactent fortement les habitants avec un commerce fluvial impossible (ou limité) au vu des cours d’eau asséchés. Cependant, on souligne un point positif !
Effectivement, la baisse drastique du niveau du fleuve rio Negro a permis la mise au jour de gravures rupestres. Jusque-là, la plupart d’entre elles étaient submergées depuis plus de 1000 ans.
Voilà donc des visages qui remontent du passé ! Des hommes ont laissé un témoignage de leur présence en forêt. Ils ont dessiné des figures humaines sur des rochers habituellement sous l’eau.
Les archéologues se frottent les mains devant de telles résurgences du passé !
Certains rochers et pierres avaient déjà été repérés lors d’une précédente sécheresse. Cependant, les archéologues affirment avoir pu localiser une plus grande variété de sculptures cette fois-ci.
En fait, la découverte a été faite dans la ville de Manaus, au nord du Brésil. Celle-ci est paralysée par les conditions météo, au ralenti, prisonnières des caprices du ciel.
Des visages de l’époque précolombienne ont ressurgi à la surface sur une partie de la côte, connue sous le nom de Ponta das Lajes, près de l’endroit où le fleuve Negro et le fleuve Solimões se jettent dans l’Amazone.
« Cette région est un site précolonial qui présente des preuves d’occupation remontant à 1 000 à 2 000 ans », a-t-il noté. « Ce que nous voyons ici, ce sont des représentations de figures anthropomorphes », a précisé l’archéologue Jaime Oliveira.
Le Rio Negro est bas, c’est une catastrophe écologique, économique, mais une aubaine archéologique !
Certaines de ces gravures avaient pu être dévoilées en 2010 lorsque le niveau d’eau du Río Negro était de 13,63 mètres.
Ces reliefs sculptés dans des éléments naturels représentent principalement des visages humains, certains rectangulaires et d’autres plus ovales.
Plusieurs visages affichent des sourires, d’autres renvoient plus de sérieux.
« Ce site exprime des émotions, des sentiments, c’est un disque gravé dans la roche qui a quelque chose en commun avec les œuvres d’art d’aujourd’hui », explique Oliveira.
Ces derniers jours le niveau du fleuve est tombé pour la première fois en dessous de 13 mètres. Le gouvernement brésilien attribue la sécheresse au changement climatique mondial et au phénomène El Niño. Sa présence cyclique a fait chuter le volume des précipitations dans le nord de l’Amazonie. En effet, elles sont en dessous de la moyenne historique ! Cela a pour conséquence de faire décroitre le niveau de l’eau des rivières.
L’impact de la sécheresse actuelle en Amazonie brésilienne est catastrophique pour les habitants et la vie sauvage
L’intense sécheresse à laquelle est confrontée l’Amazonie brésilienne, avec une diminution du débit du fleuve Amazone et de ses affluents à des niveaux historiquement bas, affecte déjà 633 000 personnes. Ainsi, 62 villes subissent de plein fouet cette catastrophe naturelle.
Le gouvernement brésilien a envoyé une aide d’urgence pour les communautés fluviales frappées par cette sécheresse qui offre un paysage de désolation.
Des populations rurales isolées font face à des bancs de sables ou des zones de boue en lieu et place des cours d’eau. Par conséquent, c’est tout le ravitaillement en vivres, la vie économique et même le mode de vie qui sont mis à mal actuellement laissant une population démunie et horrifiée par la situation.
Au cours des mois de juin, juillet et août 2023, Manaus a enregistré 131 millimètres de pluie. Habituellement, à cette époque de l’année la région enregistre une moyenne de 202 millimètres pour ce trimestre, selon l’Institut national de météorologie.
Article Aline Timbert-Actu Latino