Pérou : Entre sécheresse (lac Titicaca) et pluies intenses, le retour d’El Niño !

Le phénomène El Niño est redouté et pour cause. En effet, sa présence est synonyme d’intempéries, plus ou moins intenses, dans de nombreuses régions du monde.

El Niño se produit à intervalles réguliers dans l’océan Pacifique tropical (hausse des températures). En fait, il a des répercussions plus ou moins importantes sur les conditions météorologiques à l’échelle mondiale.

Ainsi, on l’associe à des variations de température à la surface de l’océan Pacifique et des anomalies atmosphériques qui perturbent, sur des mois, les conditions météo de nombreuses régions de la planète.

Sécheresse du lac Titicaca, alerte aux précipitations sur la côte Pacifique, El Niño au Pérou laisse son empreinte. (Actu Latino)
Sécheresse du lac Titicaca, alerte aux précipitations sur la côte Pacifique, El Niño au Pérou laisse son empreinte

Entre sécheresse marquée et pluies intenses, le Pérou craint El Niño à juste titre !

Si dans certaines parties de monde, ce sont des précipitations abondantes qui se manifestent avec des répercussions parfois dramatiques comme des inondations, glissements de terrain… Dans d’autres régions, c’est tout simplement l’inverse qui se produit, avec la manifestation d’une sécheresse marquée.

Ainsi, au Pérou, pays très impacté par la présence d’El Niño, le nord du pays sud-américain reçoit des pluies parfois diluviennes, tandis que le sud voit ses pluies se raréfier !

Par conséquent, le manque de pluie ou des sécheresses extrêmes affectent des régions comme Puno, Cusco, Junín et Arequipa.

La région de Puno souffre déjà du manque d’eau, l’agriculture souffre !

La sécheresse menace d’ores et déjà le sud du pays. Ainsi, plus de 955 000 personnes vivant à Puno sont en danger en raison de l’absence de pluie. En effet, cette dernière affecte gravement la production agricole.

Or de nombreuses familles rurales pauvres vivent essentiellement de leurs cultures et de l’élevage pour s’alimenter. On parle d’une agriculture familiale d’autosubsistance qui est en péril quand l’absence de pluies se prolonge.

Un déficit hydrique ne permet pas au bétail de pâturer. Par conséquent, tous les cultivateurs et éleveurs sont en crise ! Parmi les principales cultures dans cette région, on retrouve le quinoa, les fèves, l’orge, l’olluco (tuberbucle andine), le mashua (capucine tubéreuse), et l’oca (plante herbacée du genre des Oxalis).

Le manque de précipitations a généré des conditions hydrologiques déficientes dans les rivières et les réservoirs. C’est principalement visible sur la côte et les montagnes du centre et du sud du pays, en particulier sur l’Altiplano péruvien.

Le Cenepred recommande aux entités compétentes – notamment les autorités régionales et locales – d’identifier les zones les plus à risque pour prioriser leur intervention avec les actions correspondantes, pour la sécurité et la protection de la population et de ses moyens de subsistance.

El Niño renforce les effets déjà visibles du changement climatique

8 030 554 personnes sur l’ensemble du territoire péruvien endurent un risque très élevé en raison du déficit hydrique lié au phénomène El Niño. Attendu pour le prochain trimestre, il est redouté comme le souligne le Centre national d’estimation, de prévention et de réduction des risques de catastrophes (Cenepred).

Les régions comptant le plus grand nombre de districts à très haut risque sont dont :

  • Puno (102) ;
  • Huancavelica (102) ;
  • Arequipa (104) ;
  • Junín (112) ;
  • Cusco (116) ;
  • Ayacucho (124).

Dans les 1 127 districts à très haut risque, on dénombre 2 934 540 hectares de superficie agricole, 15 420 917 hectares de pâturages et 15 020 197 cheptels (bovins, ovins et alpagas) exposés à un risque élevé, en raison du déficit hydrique.

Symbole de cette sécheresse andine, le lac Titicaca affiche un niveau historiquement bas

Le Pérou et la Bolivie partagent le plus haut lac navigable du monde, le fameux Titicaca. Au fil du temps, une partie de son débit a déjà décliné à cause du changement climatique et des activités humaines.

Cette année en particulier, le manque de pluie a limité la navigation, ce qui affecte la production et le tourisme de la région. En fait, le niveau de l’eau est au plus bas et les autorités s’inquiètent de l’arrivée imminente du phénomène El Niño.

Pour rappel, le lac Titicaca s’étend sur une superficie de 8 200 km². Au cours des dernières années, la surface de l’eau a reculé du rivage jusqu’à 2 km dans certaines zones. Par ailleurs, son niveau a diminué de 27 cm à son point le plus profond.

L’une des principales raisons de la sécheresse qui affecte le lac Titicaca est le manque de pluie. En effet, 55 % de l’eau du lac provient des précipitations enregistrées principalement entre novembre et mars. Cependant, en 2022, les précipitations n’ont représenté qu’un dixième de ce qui était prévu.

En conséquence, un déficit pluviométrique a drastiquement affecté la recharge du lac.

Le déclin du lac n’est pas seulement une crise écologique. En effet, c’est aussi une menace pour l’économie locale ! En fait, plus de 3 millions de personnes dépendent de cette étendue d’eau pour la pêche, l’agriculture et le tourisme, qui sont les moteurs de l’économie de la région environnante.

On estime qu’avant la fin de l’année, le niveau du lac pourrait baisser de 99 cm. En résumé, c’est le spectre d’une sécheresse historique qui plane sur le lac Titicaca.

C’est pourquoi la situation nécessite des mesures urgentes pour remédier au problème de ce trésor naturel des Andes.

De fortes pluies sur la côte péruvienne sont attendues en raison d’El Niño

Le gouvernement a déclaré l’état d’urgence dans 138 districts de dix régions, dont la province constitutionnelle de Callao, en raison des pluies intenses qui se profilent avec l’arrivée du phénomène El Niño au cours de la période 2023-2024.

Cette mesure entre en vigueur pendant 60 jours et vise à mettre en œuvre des actions urgentes pour réduire le risque élevé existant et à mener les réponses et la réhabilitation nécessaires.

Les gouvernements régionaux et locaux d’Amazonas, Ancash, Apurímac, Ayacucho, Cajamarca, Huancavelica, Ica, La Libertad, Lima, Pasco et Callao mettront en œuvre ces mesures et actions exceptionnelles en coordination technique avec l’Institut national de défense civile (Indeci).

Il y aura également la participation de divers ministères, tels que ceux de la Santé, de l’Éducation, du Logement, de la Construction et de l’Assainissement, du Développement agraire et de l’irrigation (etc.) et d’autres institutions publiques et privées impliquées.

Le décret suprême n° 1211-2023-PCM, qui officialise cette mesure, a été publié le 25 octobre dans le bulletin des normes juridiques du journal officiel El Peruano.

Sur la côte, la crainte de pluies destructrices est anticipée par les autorités péruviennes

Pour le trimestre août-octobre 2023, le long de la côte péruvienne, les valeurs de température de l’air sont restées supérieures à la normale, et des pluies légères et sporadiques se sont développées sur la côte nord. Pour l’été (austral) 2024, selon le scénario El Niño, l’apparition de pluies d’intensité modérée à forte est probable. Des intempéries sont attendues principalement sur la côte et les montagnes du nord.

Dans la région de Lambayeque, les scientifiques ont totalement protégé le complexe archéologique de Collud, situé dans la commune de Pomalca afin de sauvegarder ce patrimoine culturel.

Cet important complexe archéologique précolombien, qui représente l’origine de la civilisation dans cette partie du continent, est ainsi à l’abri des pluies intenses provoquées par l’imminence du phénomène El Niño.

Un commentaire

  1. Bonjour,

    Très bon site, très intéressant sur le Pérou. Je suis allé à Cusco et au Matchu Pitcchu il y a plus de dix ans et j’ai appris des choses sur ce site, bravo. En plus c’est écrit en bon français . Bravo
    Salutations.

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