La ville de Mexico, gérée par une gauche minoritaire d’un point de vue national, a légalisé le 21 décembre le mariage homosexuel, il s’git d’un fait unique en Amérique latine. Les députés de l’Assemblée du District fédéral mexicain, c’est-à-dire de la capitale, ont ainsi ajusté l’article du code civil local qui précisait jusqu’à présent que « le mariage est l’union librement consentie entre un homme et une femme ».
La ville de Mexico avait déjà permis l’union civile homosexuelle et non le mariage en novembre 2006.
Le mariage de deux individus du même sexe n’est autorisée nulle part ailleurs en Amérique latine, même si leur union civile, l’équivalent du PACS (Pacte civil de solidarité) français, est admis dans plusieurs pays d’Amérique du sud tels que l’Uruguay, la Colombie ou l’Argentine.
La Cour suprême de Buenos Aires doit se prononcer concernant l’autorisation de mariage entre deux hommes donnée par un juge, et suspendue par un autre début décembre.
Le mariage homosexuel a été légalisé à Mexico « par 39 voix en faveur de la proposition, 20 contre et cinq abstentions », a précisé Oscar Oliver, porte-parole du député de gauche Davi Razu, principal investigateur du projet.
Une polémique est née par la suite à propos de l’adoption par des couples homosexuels, dont l’interdiction préalablement stipulée dans le texte a été rayée par la majorité de gauche de l’Assemblée. L’opposition conservatrice a annoncé qu’elle s’y opposerait en faisant appel.
« Pendant des siècles, des lois injustes ont interdit les mariages entre blancs et noirs ou indiens et européens, on a interdit l’amour étranger (…) Aujourd’hui ces barrières ont disparu », s’est félicité le député Victor Romo, du Parti de la Révolution Démocratique (PRD, gauche) du maire de la capitale, Marcelo Ebrard.
Une centaine de défenseurs du mariage « gay » manifestaient tranquillement devant l’Assemblée pendant les débats, plusieurs couples homosexuels s’embrassant librement, ont remarqué les photographes de l’AFP.
« Il faut fêter cela. C’est un progrès social et culturel », a affirmé Antonio Medina, coordinateur de l’Agence mexicaine Notiese, qui se bat pour informer les homosexuels sur leurs droits. « Nous espérons que les conservateurs ne vont pas tenter d’annuler le vote devant la Cour suprême », a-t-il ajouté.
L’Assemblée du gouvernement du District fédéral est composée de 66 députés, dont 42 du PRD ou apparentés. Les discussions ont été tendues entre la gauche et l’opposition locale de droite.
« C’est un bobard du PRD à fins électorales », a déclaré un communiqué du Parti d’Action Nationale (PAN) du président conservateur mexicain Felipe Calderon, minoritaire dans l’Assemblée de la capitale.
Le PAN se réfère à la Loi fédérale de Sécurité sociale pour assurer que « le conjoint est nécessairement du sexe opposé à celui de l’assuré ».
La ville de Mexico, qui avait préalablement favorisé l’union civile homosexuelle, et non le mariage en novembre 2006, et légalisé l’avortement en avril 2007, s’inscrit ainsi dans un élan réformateur, dans un pays pourtant très catholique et où l’Eglise influente s’oppose fortement à ces changements. « C’est une aberration inadmissible », répètee l’archevêque de Mexico, Norberto Rivera,depuis que la légalisation de l’avortement a été votée à Mexico.
Une mouvance conservatrice se manifeste à l’heure actuelle dans le pays contre l’avortement, légalisé à Mexico alors qu’il est désormais passible de prison, jusqu’à 50 ans, dans la moitié du pays.
Dans le reste du Mexique, l’avortement n’est autorisé qu’en cas de viol, d’inceste ou de danger vital pour la mère.
Craignant une hausse de l’homophobie, Luis Gonzalez, président de la Commission des droits de l’homme de Mexico, a demandé à la hiérarchie ecclésistique de modérer ses propos et d’« éviter un discours incendiaire ». Les chiffres officiels font état de 460 meurtres homophobes commis au Mexique depuis 1995. La mairie de Mexico a annoncé que le premier mariage homosexuel sera célébré en février ou mars 2010.