Colombie : Le prochain gouvernement est disposé à dialoguer avec les FARC

Le vice-président élu de Colombie, Angelino Garzón, a signalé samedi 31 août que le prochain gouvernement de Juan Manuel Santos, qui sera officiellement investi dans ses fonctions présidentielles le 7 août, est disposé à dialoguer avec la guérilla des Forces Armées révolutionnaires de Colombie (FARC), sous différentes conditions. « Le gouvernement de Juan Manuel Santos est prêt à ouvrir les portes de la négociation » a déclaré Garzón à des journalistes de Cali, au sud-ouest du pays.

Cette proposition de dialogue survient alors que la Colombie se trouve dans une situation de crise diplomatique avec son voisin vénézuélien. En effet, le gouvernement sortant d’Alvaro Uribe, accuse les autorités vénézuéliennes d’abriter des membres des FARC sur son territoire, environ 1500 rebelles s’y trouveraient répartis sur une dizaine de campements, selon des estimations colombiennes.

La déclaration de Garzón est survenue au lendemain de celle émise par le chef des FARC, principal groupe guérillero du pays, « Alfonso Cano », qui a proposé au gouvernement entrant de Santos un dialogue pouvant mener à la réconciliation et à la fin du combat armé.

Garzón a précisé que les autorités colombiennes exigeaient de la guérilla « qu’elle relâche sans aucune condition tous les otages retenus prisonniers, qu’elle cesse d’avoir recours aux enlèvements, au terrorisme et aux mines antipersonnel ». Le gouvernement exige également « que tous les enfants enrôlés de force dans la guérilla soient libérés et que la guérilla reconnaisse que la violence n’a aucun sens, que cette violence n’apporte rien », voilà ce qu’a affirmé le vice-président colombien.

« S’ils sont disposés (les rebelles) à accepter ces conditions, ils peuvent être assurés que Juan Manuel Santos aura la générosité de mettre en place des accords de paix et des moyens de réhabilitation visant au pardon », a souligné Angelino Garzón. Cette opportunité, cependant, sera concédée « dans le cadre d’un processus de réparation envers les victimes de cette violence ».

« Cano », alias Guillermo León Sáenz, ancien responsable politique des FARC, a exposé ses intentions de reprise du dialogue, au moyen d’une vidéo-conférence d’une durée de trente-six minutes, dévoilée sur l’une des pages internet des rebelles, le blog de La Revista Nacional del Secretariado de las FARC. Dans cet enregistrement, le leader du mouvement marxiste apparaît filmé dans les montagnes colombiennes.

Les points qui doivent dominer le dialogue sont, selon Cano, des « points capitaux » relatifs à la situation qui maintient la Colombie dans un conflit armé interne, avec une guérilla, qui s’est développée dès 1964, comme le fait remarqué le chef insurgé des FARC.

Le commandant rebelle a précisé qu’il fallait négocier sur cinq points clés, à savoir, l’accord intergouvernemental qui permet aux forces armées des Etats-Unis d’utiliser les bases aériennes colombiennes, les droits de l’homme et le droit international humanitaire, le partage des terres et le modèle économique en vigueur.

« Nous sommes toujours déterminés à trouver une issue politique au conflit » a soutenu « Cano », qui a pris la tête des FARC depuis deux ans, à la place du fondateur du groupe insurgent, Pedro Antonio Marín (« Manuel Marulanda Vélez » o « Tirofijo ») décédée en 2008.

L’ex-conseiller à la Paix, Carlos Eduardo Jaramillo, a déclaré à BBC Mundo que les FARC étaient coutumiers de ce genre de déclaration, invitant à trouver une solution pacifique et diplomatique au conflit, à chaque changement de gouvernement. « Les FARC voient une opportunité de ne pas tomber dans l’oubli. C’est pour cela, qu’ils ont la volonté de s’exprimer et de poser leurs conditions au dialogue, le problème c’est qu’il commence avec 5 conditions et que par la suite, ils les multiplient à loisirs », a signalé Jaramillo qui a exercé sous la présidence de César Gaviria entre 1990-1994.

Malgré son appel au dialogue ‘Cano’, un sociologue de 62 ans, qui a intégré la guérilla dans les années 70, a lancé de sévères critiques envers le prochain président, Juan Manuel Santos, qui en qualité de ministre de la Défense sous la présidence d’Alvaro Uribe, a porté les coups militaires les plus durs envers la guérilla marxiste depuis sa création.


Le gouvernement colombien estime que les FARC, qui ont pu compter jusquà 20 000 hommes en 2002, ne seraient plus que 8 000. Les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie sont encore actives sur environ de 50 % du territoire national.

Selon Cano, l’élection de Santos, « garantit la continuité de la politique ‘pourrie’ et des stratégies d’A.Uribe », dont la gestion de huit années a été marquée par « la corruption ». Depuis la naissance des FARC en 1964, les guérilleros ont participé à deux négociations de paix, l’une sous la présidence de Belisario Betancur (1982-1986) et une autre sous le régime de Pastrana.  Alors que le président César Gaviria était à la tête de la Colombie,, il y a également eu des conversations et des rapprochements de la part des FARC, mais cela ne s’est jamais soldé par un processus de paix.

Un commentaire

  1. Lorsqu’on parle de processus de paix, de négociation ou bien de dialogue en Colombie, il est toujours intéressant de rappeler ce qui arriva en 1985 lorsqu’un accord fut fait avec les Farc et que celles-ci renoncèrent à la lutte armée pour intégrer les files de l’Union Patriotique et participer à la vie politique du pays:

    opération d’extermination des leaders de la gauche menées par les paramilitaires et les forces gouvernementales avec 3,000 assassinés dont 2 candidats présidentiels…

    3,000 ce n’est pas rien, et ça n’instaure pas un grand climat de confiance.

    JE pense que ça a servit à pousser des gens de la société civile à abandonner la lute « démocratique » et pourquoi pas intégrer des mouvements plus extrémistes (type Farc) et pour les guérilleros ça les a surement dégouté définitivement de l’envie de « dialoguer » avec un gouvernement quelconque.

    Je pense aussi qu’il est important de souligner que l’état actuel des choses convient parfaitement à un secteur politique (au pouvoir), soutenu par les USA (Plan Colombie), qui tire profit lui aussi de la situation car il peut justifier son implantation sur place (7 bases militaires).

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