Le Salvador : La pauvreté et la faim, deux ennemis quotidiens pour 36,5% des foyers du pays

Le Programme alimentaire mondial (PAM) et le ministère de la Santé du Salvador ont annoncé conjointement le lancement de l’initiative « Améliorons la nutrition ». Le projet, qui a fait l’objet d’une discussion le 25 août, a pour objectif d’améliorer l’apport alimentaire des femmes enceintes (soit environ 17 000 personnes) et des enfants de moins de deux ans au niveau national, des jeunes enfants qui risquent de souffrir de malnutrition et des conséquences directes de ces carences nutritives. La revue The Lancet a expliqué que la dénutrition est un état pathologique résultant d’apports nutritionnels insuffisants en regard des dépenses énergétiques de l’organisme. Lorsque les apports sont inadaptés en plus d’être insuffisants on préfère parler alors de malnutrition.

« Nous sommes parvenus à prouver que des enfants bien alimentés jouissent d’un meilleur apprentissage, l’objectif est de garantir la sécurité alimentaire et de s’occuper de l’alimentation des enfants dès qu’ils sont dans le ventre de leur mère » a déclaré la représentante du Programme alimentaire mondial au Salvador, Dorte Ellehammer.

Adolescent de 15 ans portant un sac contenant du café

Auparavant, le pays a mis en place le Conseil national d’alimentation nutritionnelle, qui grâce aux efforts de l’Agence de coopération internationale et à des entités nationales, fait le maximum pour prévenir les décès par dénutrition. La ministre de la Santé, María Isabel Rodríguez, présidente dudit organisme, souhaite développer un plan similaire à celui créé par l’ancien président du Brésil, Lula Da Silva intitulé « Faim zéro ». « Nous reconnaissons l’importance des efforts fournis et les bénéfices que peut engendrer une bonne alimentation sur la population » a-t-elle affirmé.

Le problème du « manger suffisamment et du manger bien » est un souci constant dans ce pays où 19,2 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de dénutrition et où le taux de pauvreté atteint 37,8 % des foyers nationaux (selon des sources officielles émises par la FESAL). Le pourcentage de population en situation d’extrême pauvreté est de 12 % dans ce pays d’Amérique centrale souvent frappé par des catastrophes naturelles qui mettent à mal des populations déjà fortement démunies comme ce fut le cas en 2001 avec un puissant séisme, puis en 2005 avec le cyclone Stan, ou encore plus récemment en 2009 avec le passage de l’ouragan Ida.

Une mauvaise alimentation constitue un terreau favorable à de nombreuses pathologies, à titre d’exemple 46 % des enfants âgés entre six mois et 11 mois et 7,5 % des femmes enceintes souffrent d’anémie, c’est aussi le cas parmi les femmes en âge de procréer (9,6 % des femmes concernées). « Face à ces chiffres, nous devons mettre en place des plans spécifiques d’action en collaboration avec le gouvernement et tous les acteurs de la société engagés dans la lutte contre la dénutrition afin que les enfants bénéficient d’une alimentation adaptée durant les premiers 1000 jours de leur existence » a précisé Ellehammer.

La ministre de la Santé María Isabel Rodríguez

Ces dernières années, le Salvador est parvenu à de faibles résultats en matière de lutte contre la pauvreté, en 2000 le taux de chômage était estimé à 7 % tandis qu’en 2010 il était encore de 7,1 %. En milieu urbain, ce sont 33 % des foyers qui vivent dans un état de pauvreté dont 9,1 % dans un état d’extrême pauvreté tandis que 25,3 % des familles vivent dans une situation de pauvreté relative. Ces chiffres sont encore plus importants dans les zones rurales où résident de nombreux indigènes, et se sont pas moins de 43,2 % des foyers qui vivent dans une situation de pauvreté parmi lesquels 15,1 % dans une situation d’extrême pauvreté et 28,1 % dans une pauvreté relative. Au niveau national le taux de pauvreté est passé de 37,8 % à 36,5 % entre l’année 2009 et 2010, selon des informations officielles.

Pour établir ce classement, une moyenne du revenu moyen par personne est établie, les foyers recevant moins de 45,12 dollars per capita en milieu urbain et moins de 27,80 dollars per capita en milieu rural sont considérés comme extrêmement pauvres et n’ont pas les moyens d’accéder au CBA ou Canasta básica alimentaria (panier d’aliments basiques prévu pour un foyer d’environ 4,26 membres dont l’apport calorique doit pourvoir aux besoins énergétiques de la famille), c’est le cas d’un habitant du Salvador sur 10, les Salvadoriens considérés comme évoluant dans une situation de pauvreté relative (ne pouvant payer deux CBA per capita) représentent deux cas sur dix. En 2010, on estimait le taux de pauvreté relative à 25,3 %, toutefois si l’on combine le taux de pauvreté relative à celui d’extrême pauvreté ce chiffre atteint 36,5 % de la population.

Le revenu mensuel par foyer est d’environ 479,51 $ (570,68 $ en milieu urbain et 304,75 $ en zone rurale) or le coût du panier de la ménagère a flambé entre janvier 2010 et juin 2011, il a augmenté de 36 % en zone rurale, soit un coût de 152,19 $. En milieu urbain, la situation est moins dramatique qu’en zone rurale, l’augmentation n’a pas dépassé les 20 % avec un panier d’une valeur de 189,77 $ (contenant du riz, du sucre, des haricots, du sel, des oeufs, de l’huile, de la viande…). Cette augmentation du prix des denrées alimentaires ne fait que conforter une grande partie de la population dans sa misère et accroît les difficultés des plus humbles pour se nourrir correctement et suffisamment au quotidien.

Le 14 août s’est tenu au Salvador un marathon « Maratón Puch » organisé par Pizza Hut dans le cadre de la campagne « Bouge avec moi » afin de récolter des fonds pour le PAM et prévenir la dénutrition infantile et la faim en général. Avec une contribution de 3 dollars, les participants, dont de nombreux enfants, ont apporté leur contribution au programme national « Nourrissons le Salvador » (Nutrimos el Salvador) qui vient en aide aux populations les plus démunies du pays (enfants de moins de 5 ans, femmes enceintes, populations âgées…). Au-delà de ces actions coup-de-poing, d’autres projets de long terme sont menés au Salvador, c’est le cas du Secours Populaire qui depuis plus de 30 ans s’investit avec ferveur auprès des populations sur le terrain.

Le Secours populaire développe des projets d’urgence, de réhabilitation et de développement depuis 1979 au Salvador : au vu des stigmates qu’a laissé la guerre civile, le SPF et les médecins du SPF se sont mobilisés (MSPF) dès 1979 pour apporter leur soutien aux victimes. A la fin de la guerre, le Secours populaire a maintenu des relations très fortes avec le Salvador : il apporte son soutien lors de catastrophes naturelles et accompagne des associations locales dans le développement de projets de solidarité.

Depuis 10 ans, le SPF met en place des projets de développement local avec le soutien financier de la Commission européenne. Cette dernière a évalué de façon positive ces projets qui pourraient être étendus à d’autres régions. La présence d’un chef de projet du Secours populaire français au Salvador, Jean-Michel Fouillade, a contribué à la réussite des initiatives menées dans le pays auprès des populations les plus démunies en particulier des autochtones.

Le projet du Secours populaire français, réalisé dans le département d’Ahuachapán en partenariat avec l’association locale d’agronomes FUNDESYRAM (Fondation pour le développement socioéconomique et la protection de l’environnement), a démarré en 2002. L’objectif de réduire l’extrême pauvreté et la précarité des communautés rurales bénéficiaires du projet, à 90 % d’origine indigène, est désormais atteint.

Depuis 2001, le SPF mène, en partenariat avec l’association salvadorienne FUNDESYRAM, un projet cofinancé par l’Union européenne dans le but de favoriser la pérennité du développement communautaire de 17 cantons de la microrégion Ahuachapán-Sud. De quoi offrir un futur empreint d’espoir aux populations les plus pauvres de 5 municipalités. Quand le programme a débuté en 2001, 45 % des familles vivaient dans des conditions de pauvreté absolue dans les régions concernées (selon un rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement). La malnutrition infantile était quant à elle évaluée à 53 % dans certaines communautés. La situation environnementale n’était guère plus réjouissante : la monoculture du café a diminué considérablement la diversité biologique native et on assiste à la destruction des habitats naturels de plusieurs espèces. La crise du café qui a touché le pays depuis les années 2002 a ôté à la population son seul moyen de subsistance.Face à ce constat, le projet du SPF a l’ambition d’améliorer les conditions socio-économiques,environnementales et culturelles des populations paysannes pauvres de l’Ahuachapán en dynamisant le développement local et en encourageant les populations à mettre en place une agriculture diversifiée et raisonnée. La troisième phase du projet a débuté en avril 2008 pour une durée de 36 mois et bénéficie directement à 2560 personnes (bénéficiaires indirects : 99 672 habitants), en particulier aux paysans sans terre.

Des initiatives qui non seulement redonnent espoir et confiance aux populations pauvres, mais qui leur permettent surtout de s’impliquer directement dans des activités en assurant leur propre subsistance quotidienne, et ce de manière autonome ! Si vous souhaitez obtenir davantage d’informations sur l’action du Secours Populaire au Salvador consultez la page suivante http://www.secourspopulaire.fr/actualite.0.html?&cHash=4c2031703d&id_actu=5423 et découvrez également la vidéo « Salvador : Plus loin que le soleil » disponible dans l’encart « A découvrir » d’Actu Latino.

(Article rédigé par Aline Timbert)


Salvador : un projet exemplaire par secourspopulaire

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