Equateur : Rafael Correa prêt à défendre le projet écologique Yasuni ITT devant les Nations-Unis

Le président équatorien, Rafael Correa, relancera d’ici quelques jours, aux Nations Unies, le projet « Yasuni ITT », une initiative écologique de son gouvernement dont le but est de maintenir sous terre une importante quantité de pétrole brut localisée en Amazonie en échange d’une contribution financière au niveau international.

Lors d’un voyage officiel réalisé au Japon il y a maintenant un an (septembre 2010), le président avait déclaré « L’Équateur a le droit d’extraire ce pétrole, c’est pourquoi le pays réclame une compensation pour ne pas l’exploiter », tout en précisant qu’il s’agissait là d’une proposition « altruiste » de son gouvernement qui réclame, à ce titre, la moitié de la somme qui serait susceptible d’être engrangée au moyen de l’exploitation du sous-sol amazonien.

Ivonne Baki

La proposition a été bien accueillie initialement par différents gouvernements et institutions, cependant la récolte de fonds n’excède pas pour le moment 5 millions de dollars, 40 millions doivent être débloqués conformément aux engagements de différentes nations, selon des informations données par la négociatrice du projet, Ivonne Baki, ambassadrice de bonne volonté de l’UNESCO. Le gouvernement équatorien espère recevoir d’ici la fin de l’année un fidéicommis international de 100 millions de dollars (administré par la PNUD), dans le cas contraire, le chef de l’État se dit prêt à exploiter la réserve pétrolière située en plein coeur de l’Amazonie, à raison d’une production estimée à 850 millions de barils. Ivonne Baki a insisté à différentes reprises sur le fait que la non d’exploitation de cette réserve de pétrole permettrait d’éviter l’émission dans l’atmosphère d’environ 407 millions de tonnes de dioxyde de carbone. Ce thème devrait être à nouveau évoqué en marge de l’assemblée générale des Nations Unies qui se tiendra le 23 septembre, en effet le président Rafael Correa, soutenu par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, devrait motiver les présidents qui assisteront au forum  afin que ce projet devienne concret grâce à leurs financements. Cette occasion pour le chef de l’État équatorien de s’exprimer sur cet engagement environnemental lui sera accordée lors d’une réunion parallèle à celle tenue à l’assemblée, un événement auquel ont été conviés différents chefs de l’État.

L’Équateur propose à la communauté internationale qu’elle contribue à hauteur de 3,5 milliards de dollars soit l’équivalent de la moitié des bénéfices  auxquels pourrait prétendre l’État s’il finissait par opter pour l’exploitation des ressources pétrolières regorgeant dans son sous-sol.

Le Parc National Yasuni abrite des populations indigènes isolées, et il est considéré comme l’un des lieux les plus riches de la planète d’un point de vue de sa biodiversité. Il a été créé en 1979 et déclaré par l’UNESCO comme Réserve Mondiale de la biosphère en 1989. Il s’étend sur 982 000 hectares dans le bassin de l’alto Napo en Amazonie. il offre une variété de 2 274 espèces d’arbres et d’arbustes, sur un seul hectare on peut répertorié jusqu’à 655 espèces différentes.

Le projet « ITT », qui reprend les initiales des gisements pétrolifères d’Ishpingo, de Tiputini et de Tambococha, dans la forêt amazonienne, sites qui présentent près de 20 % des réserves du pays en or noir, a pour objectif de convaincre la communauté internationale de financer à hauteur de 3,5 milliards de dollars sur 12 ans l’abandon de leur exploitation, soit un manque à gagner que les Équatoriens évaluent à 850 millions de barils de pétrole.

Selon Ivonne Baki « cette réunion médiatique permettra de voir l’importance que les différents États accordent à cette initiative écologique », elle a cependant ajouté que la crise économique et politique qui affecte le Moyen-Orient a affecté le financement des principaux pays intéressés par cette proposition environnementale. Pendant son voyage en Belgique survenu le 13 août dernier, le président équatorien a annoncé que, s’il ne parvenait pas à recevoir l’appui financier nécessaire à ce projet, il analyserait avec son gouvernement la possibilité d’appliquer le « plan B » à savoir l’exploitation du pétrole avec les conséquences que cela peut avoir sur l’environnement.

Le parc naturel Yasuni

Il est à noter que l’Équateur pourrait mettre en place grâce aux financements étrangers une « ville de la bio-connaissance » au coeur de l’Amazonie afin d’effectuer des recherches scientifiques dans le domaine médical en procédant à l’analyse de la grande biodiversité du parc naturel Yasuni. « Nous analysons la possibilité de créer à moyen terme une ville de la bio-connaissance et nous y réfléchissons dès aujourd’hui » a déclaré Ivonne Baki à l’Agence de presse Notimex. Elle a précisé que le centre pourrait se situer à Nuevo Rocafuerte, à la frontière amazonienne avec le Pérou, à une distance raisonnable du parc national Yasuni, afin de ne pas endommager « l’écosystème » de la région; de plus elle a souligné avoir pris contact avec des scientifiques pour mener à bien projet de création d’un pôle de recherche. Elle a informé pour le moment il existait deux centres de recherche créés par l’université catholique de Quito et par l’université de San Francisco. Elle a tenu à souligner qu’il n’y avait pas de centre équivalent à ceux existant à Hawaï, au Panama, au Costa Rica ou encore dans d’autres pays bien que l’Équateur bénéficie de richesses naturelles bien supérieures à celles présentes dans ces différents pays, « il manquait une décision politique pour le faire » a-t-elle déclaré.

Elle n’a pas manqué de souligner que le prix Nobel de médecine, Eric Chivian, a rédigé un ouvrage sur l’importance de la biodiversité au Yasuni, mettant en exergue le potentiel pharmaceutique présent dans ce patrimoine naturel « tous les médicaments pour soigner les maladies du monde » a-t-il écrit. « Il a affirmé qu’il existait au moins 40 000 sortes de venins efficaces dans le traitement de maladies », les venins de certains batraciens comme les grenouilles sont de véritables médicaments aptes à traiter différentes maladies. « Il faut exploiter cette richesse et pour le moment nous n’avons pas les moyens de faire » a ajouté Ivonne Baki.

« Ce que nous possédons sur la terre de Yasuni est bien plus précieux que ce que nous avons sous terre » a-t-elle affirmé. Nous ne devons pas seulement nous focaliser sur le thème du changement climatique engendré par l’exploitation pétrolière, mais aussi sur la riche biodiversité qu’abrite le Yasuni. En effet, il s’agit « du plus grand apport que l’ Équateur puisse faire au monde ».

Rafael Correa

Le voisin colombien a clairement manifesté son soutien au projet en débloquant 100 000 $, un geste salué par le ministre des Affaires étrangères équatorien, Ricardo Patiño, qui a loué « les liens d’amitié et de coopération entre les peuples équatoriens et colombiens » dans un communiqué officiel.

Par ailleurs, au mois d’août, des membres de la communauté indigène waorani, 250 représentants pour être précis se sont donné rendez-vous dans la localité de Tiguino, pour rencontrer la chef de projet Ivonne Baki afin d’en savoir davantage sur l’évolution du projet Yasuni ITT en compagnie du représentant du Fonds Yasuni, Manuela Ima. À l’issu de cet atelier de socialisation autour de l’initiative développée par le gouvernement, 30 communautés waoranis ont signé une résolution où ils s’engagent à respecter les postulats promulgués dans le cadre de l’initiative Yasuni-ITT.

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site de l’Institut de recherche pour le développement http://www.ird.fr/la-mediatheque/videos-en-ligne-canal-ird/la-foret-tropicale-de-yasuni-un-ecosysteme-unique-au-monde/une-foret-au-service-de-la-science Sachez également que l’ancien président de la République français, Jacques Chirac a été séduit par le projet Yasuni, il a promis lors d’une visite effectuée par Ivonne Baki en France au mois de juin 2011, l’appui inconditionnel de la Fondation Chirac (créée en 2008) pour mener à bien cette initiative de préservation de l’océan vert

(Article rédigé par Aline Timbert)

4 commentaires

  1. Cet accord est acceptable à condition qu’il y ait des garanties sur le long terme. Admettons que Correa soit de bonne foi, mais il n’est paxs éternel, un nouveau gouvernement suivra, puis encore un autre…

    Quelles sont les garanties que le pays ne changera pas d’avis dans 10, 20, 30 ans ? Et ainsi aura empoché les « compensations », plus les recettes du pétrole? aurait-on au moins un moyen de récupérer l’argent dans ce cas ?

  2. il faut à tout prix défendre ce projet d’une grande intelligence et qui deviendrait peut-être une exemple à suivre.
    Il faut effectivement envisager ce genre de solution pour arrêter de soulever la terre, tuer arbres, animaux et humains qui y vivent en cessant une fois pour toute de ternir, assaillir, coloniser et mettre en perdition un ensemble de vie harmonieuse au sens que gagner du pétrole est un leurre pour l’humanité entière, un appât, un artifice, un profit rapide et arbitraire qui de plus fait faire des profits aux seuls tenants principaux de la planète.

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