Le Pérou se donne les moyens de devenir une véritable puissance touristique mondiale sous 10 ans

Ce sont près de 2,7 millions de touristes qui visiteront le Pérou en 2012, un chiffre qui devrait être en légère augmentation par rapport à l’année en cours (avec un nombre estimé à 2,6 millions), et qui devrait permettre au pays d’Amérique du Sud d’engranger 3000 millions de dollars de devises, des informations révélées par le ministère du Commerce extérieur et du Tourisme (Mincetur). La croissance prévue pour 2011 représente 14,5 % par rapport aux 2,27 millions de visiteurs qui ont foulé le territoire en 2010. Pour atteindre les objectifs fixés en 2012, le Mincetur se focalisera sur la promotion du tourisme péruvien en Amérique du Sud en raison du potentiel que représente ce marché, a expliqué la vice-ministre du Tourisme, Claudia Cornejo.

 Ce sont 3.6 millions de touristes que le Pérou espère accueillir en 2016. Pour être une puissance touristique, le Pérou doit quadrupler l’arrivée de visiteurs, c’est à dire recevoir 10 millions de voyageurs par an, et diversifier ses offres touristiques.

« Nous allons promouvoir le tourisme au Brésil, en Argentine et en Colombie, des pays qui ne seront probablement pas affectés par la crise internationale », a-t-elle déclaré. Elle a également précisé que les efforts de promotion touristique effectués en Europe et aux États-Unis seraient poursuivis de façon active. Le Pérou prévoit également de prospecter les marchés nordiques qui bénéficient d’une économie prospère, ainsi que les marchés asiatiques. Environ 43 % des touristes étrangers qui visitent le Pérou proviennent d’Amérique latine, un chiffre qui a particulièrement augmenté ces six dernières années. Les autorités espèrent que dans les prochaines années le continent puisse représenter 50 % des touristes étrangers visitant le Pérou. Le tourisme réceptif augmente de 6 à 7 % par an, un chiffre supérieur à celui enregistré dans toute l’Amérique latine (avec une moyenne estimée à 5 %). Entre 60 et 70 %, des touristes étrangers qui arrivent au Pérou possèdent un fort pouvoir d’achat, avec un séjour moyen estimé entre 4 et 11 jours. Lorsque l’augmentation du nombre de touristes évolue entre 6 % et 7 %, l’arrivée de devises est beaucoup plus importante et peut atteindre des niveaux de 15 % par an.

Le 24 octobre dernier, le Mincetur a lancé la campagne nationale de Culture touristique qui porte le nom « Crece el turismo, crece el Perú » (« Quand le tourisme se développe, le Pérou se développe ») pour laquelle le pays compte investir 5,61 millions de nuevos soles en moyens de communication (publicités et marketing). Toutefois, le ministre Jose Luis Silva a souligné que le principal moteur touristique du pays restait toujours et encore le Machu Picchu (Cusco) en avançant un chiffre impressionnant puisque ce sont 70 % des touristes qui transitent par la célèbre cité un Inca. Au moins un million de touristes, parmi lesquels des nationaux et des étrangers visiteront le Machu Picchu jusqu’à la fin 2011, à Cusco, l’afflux touristique à été 30 % supérieur à celui enregistré en 2010.

« Nous avons bien d’autres Machu Picchu à développer et nous devons travailler en ce sens », a déclaré le politique tout en précisant que l’objectif de la campagne nationale était aussi de faire comprendre à la population l’importance que joue le secteur touristique dans l’économie nationale. À ce titre, il a précisé que le tourisme était l’une des activités qui généraient le plus d’emplois au Pérou avec le commerce extérieur. « Mon portefeuille possède deux secteurs qui à eux seuls représentent plus de 50 % de l’emploi formel. Le tourisme est un secteur extrêmement inclusif, grâce auquel on peut faire en sorte que différents secteurs travaillent ensemble et nous réfléchissons sur ce point », a-t-il ajouté. Le tourisme contribue à hauteur de 7 % au produit intérieur brut.

« Les Brésiliens sont en train de visiter le monde parce qu’ils possèdent désormais un pouvoir d’achat qu’ils n’avaient pas jusqu’à présent… Et nous devons faire en sorte que nos deux pays collaborent un peu plus dans ce domaine ». Il a également tenu à souligner qu’il fallait que tous les citoyens péruviens se sentent impliqués, ce qui n’est pas encore le cas puisque nombreux sont ceux dans le pays qui ne ressentent pas les bénéfices économiques liés au développement touristique.

« Ce que nous souhaitons c’est que tous les peuples proches des zones archéologiques touristiques s’impliquent davantage dans cette campagne que nous nous apprêtons à lancer […], nous devons attirer les touristes et oeuvrer de façon à ce qu’ils se sentent bien. Nous voulons que les 28 ou 29 millions de Péruviens se sentent parfaitement intégrés dans l’activité touristique « . En ce qui concerne la marque « Peru » (Marca Peru) le ministre a indiqué que cela avait beaucoup contribué à ce que les Péruviens se sentent davantage intégrés et impliqués, ils ont été les premiers à en profiter puisque la campagne a tout d’abord été lancée au niveau national. Motif d’orgueil national, le leader écologique de Patria Verde et poète Rodolfo Rojas Villanueva a composé un calligramme à partir du logo « Marca Peru » dans lequel il rend hommage aux racines culturelles millénaires du Pérou :

« Aquí abrimos los ojos para ver el universo / y hallamos tu raíz milenaria e infinita: Caral, Chavín, Paracas, Moche, Tiahuanaco, Huari, Machu Picchu… Aquí, los que derramaron sangre por tu gloria / están presentes junto a tu bandera: Túpac Amaru, Olaya, Bolognesi, Quiñones… » Rodolfo Rojas Villanueva 

Machu Picchu

Le président de Canatur (Chambre national de tourisme ou Cámara Nacional de Turismo), Carlos Canales, quant à lui, a indiqué que les célébrations organisées cette année pour le centenaire de la découverte du Machu Picchu par le Nord-Américain Hiram Bingham a permis d’attirer de nombreux visiteurs. Canales a précisé que 700 000 touristes devraient visiter Cusco d’ici la fin de l’année 2011. En 2008 l’ancienne capitale de l’Empire inca avait été visitée par 613 000 touristes étrangers, tandis qu’en 2009 et 2010 ce sont respectivement 583 000 et 460 000 touristes qui avaient transité par la ville des Andes. 40 % des voyageurs qui arrivent au Pérou possèdent un pouvoir d’achat élevé tandis que 60 % bénéficient d’un pouvoir d’achat moyen. Un voyageur aisé peut dépenser jusqu’à 3000 $ pour un séjour de 10 à 12 jours tandis qu’un touriste moyen peut dépenser entre 1500 et 1800 $ pour un séjour d’une durée équivalente.

Durant le mois de juillet, Cusco a reçu un nombre de visiteurs jamais encore enregistré dans toute son histoire. Une hausse de la fréquentation qui s’explique par l’attrait lié aux festivités organisées dans le cadre du Centenaire de la découverte du Machu Picchu. Un afflux touristique d’une telle ampleur qu’environ 5000 visiteurs étrangers n’ont pas pu accéder à la cité inca.

Kuelap

Canales a assuré que 2012 serait également une année prospère, car d’autres manifestations sont prévues toujours dans le cadre de cet anniversaire avec, à titre d’exemple, la participation du ténor péruvien Juan Diego Flórez, qui doit chanter lors d’un gros événement organisé pour clôturer les célébrations du Machu Picchu. Par ailleurs, le site archéologique s’est vu remettre le prix de la meilleure destination écologique d’Amérique du Sud par The World Travel Awards. Une récompense remise par Graham Cooke pour la seconde année consécutive à Claudia Cornejo dans la capitale du Royaume-Uni. Depuis 1993, The World Travel Awards remet différentes récompenses à tous les secteurs de l’industrie touristique du monde. Chaque année, plus de 167 000 agents de voyages répartis dans 160 pays votent pour sélectionner les gagnants. Au-delà du pôle attractif que constitue le Machu Picchu, le ministre du Tourisme souhaite attirer l’attention sur d’autres sites dignes d’intérêt parmi lesquels la forteresse de Kuelap, autour de laquelle gravitent de nombreux vestiges, mais aussi la cataracte de Gocta (la troisième plus haute cascade du monde, découverte en 2005).

« La quantité de pierres et de terre qui a été bougée à Kuelap équivaut à trois pyramides égyptiennes, en Amazonie il existe une vingtaine de Kuelap », a-t-il déclaré.

Autre point fort pour le tourisme péruvien, la récente nomination de l’Amazonie (Río Amazonas/Bosque Tropical) comme l’une des sept merveilles naturelles du monde par la fondation suisse New 7 Wonders, instigatrice d’un concours mondial.

Les chutes de Gocta

« C’est une grande opportunité à saisir, le fait d’être considéré comme l’une des sept merveilles naturelles du monde offre une conjoncture médiatique qui nous place dans la vitrine mondiale et générera à coup sûr un grand potentiel touristique », a déclaré Carlos Canales. Ce dernier a précisé que le département de Loreto recevait annuellement 150 000 touristes étrangers qui génèrent environ 75 millions de dollars de recettes, un chiffre qui devrait augmenter jusqu’à 20 % suite à cette désignation . « En possédant deux merveilles du monde [pour rappel le Machu Picchu avait été désigné en 2007 comme l’une des sept nouvelles merveilles du monde par la New Seven Wonders Foundation ], le Pérou renforce sa position de grande destination touristique, cependant si nous n’assurons pas de promotion, il n’y aura aucun résultat favorable ». La fondation New 7 Wonders avait donné le 12 novembre les résultats préliminaires de ce concours mondial plaçant l’Amazonie (fleuve amazonien et forêt tropical), mais aussi la baie d’Halong (Vietnam), les chutes d’ Iguazú (Brésil et Argentine), l’île de Jeju (Corée du Sud), l’île de Komodo (Indonesie), la rivière souterraine de Puerto Princesa (Philippines) et la Montagne de la Table (Afrique du Sud) parmi les 7 finalistes des merveilles naturelles du monde. Un classement susceptible d’être modifié puisque la vérification des votes est en cours, les résultats définitifs seront annoncés début 2012 lors d’une cérémonie officielle.

Le tourisme doit également avoir pour vocation de favoriser le développement des communautés locales, un fait mis en avant par Claudia Cornejo qui a déclaré que, dans les cinq prochaines années, le ministère espérait que 80 communautés soient directement impliquées dans le tourisme rural communautaire (TRC) soit deux fois plus qu’à l’heure actuelle. 30 000 familles participent comme prestataire de services, artisans, agriculteurs ou bien encore commerçants aux activités de tourisme. Elle a précisé que ce type de tourisme solidaire se développait en Amazonie.

« Il y a également des communautés situées sur la côte que nous souhaitons davantage impliquer dans ce processus, comme les habitants de Tumbes et Piura, mais aussi poursuivre nos efforts dans les régions de Puno, Arequipa et Cusco qui sont pionnières dans ce domaine ». Il a précisé qu’avec le développement de l’itinéraire Ruta Moche, qui intègre les départements du Nord, La Libertad et Lambayeque, les autorités espèrent donner une dynamique aux communautés andines de Incahuasi et Cañaris.Cornejo a précisé que les touristes en provenance d’Europe et des États-Unis étaient les plus enclins à visiter les communautés rurales.

Hier a débuté la XI réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’OTCA (Bolivie, Brésil, Colombie, Équateur, Guyane, Pérou, Surinam et Venezuela) qui a pour but d’évoquer les projets de développement de la région amazonienne tout en respectant l’un des écosystèmes les plus fragiles au monde.

(Aline Timbert)

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