La localité de Vilcabamba en Équateur se situe à 50 km au sud de Loja (à 430 km au sud de Quito), cette région australe du pays du sud-américain a acquis sa notoriété au fil des décennies pour sa localisation géographique privilégiée, mais surtout pour ses centenaires, ce qui lui vaut le porter fièrement le surnom de « Vallée de la longévité ».
Symbole du « Bon vivre » (« Buen Vivir* ») art de vivre total défendu par le gouvernement équatorien, ce petit coin de bout du monde situé dans les Andes a attisé la curiosité des chercheurs qui ont souhaité percer ses secrets, pourquoi les gens vivent-ils si bien et si longtemps à Vilcabamba ?
Avec des températures oscillant à l’année entre 19° et 24°, cette localité perchée à environ 1500 m d’altitude bénéficie d’un éternel printemps, un climat privilégié qui influerait bien sûr sur la longévité de ses habitants.
En octobre 2014, Fredy Elhers, secrétaire au Sumak Kawsay (en quechua, langue des natifs andins) ou encore ‘Buen Vivir’, une conception encore un peu floue au sein de la population, a affirmé lors d’une visite à Vilcabamba « notre présence dans la vallée de la longévité a pour objectif de promouvoir le bon vivre, car ce lieu est toujours une référence en matière de bien-être, car la majorité de ses habitants vivent plus de 100 ans, ils ne tombent pas malades, et vivent en paix, c’est le ‘paradis perdu' ».
Parmi les éléments distingués par les scientifiques depuis les années 1970 susceptibles d’accroître l’espérance de vie des habitants de cette localité de Loja (environ 4000 personnes) : le climat très clément, l’altitude, l’air pur, l’alimentation naturelle de ses habitants essentiellement à base de produits frais cultivés de façon traditionnelle (sans engrais chimique ni pesticide) l’eau des rivières Chamba et Uchima riches en minéraux tels que le magnésium et dont la consommation permettrait de prévenir les rhumatismes et favoriserait la perte de poids. Et bien sûr un autre facteur d’importance, l’absence de stress, bien loin du tumulte des grandes villes « mon avis personnel c’est que Vilcabamba est devenue une référence du bon vivre non seulement dans le pays, mais aussi dans le monde entier », avait confié le secrétaire.
Mais attention depuis quelques années maintenant ce tableau idyllique tend à s’effriter, les modifications du mode de vie s’instaurent chaque jour un peu plus, les plus jeunes adoptent d’autres habitudes préjudiciables à leur santé, la consommation d’alcool, et le tabac menacent s’équilibre mis en place par les anciens. La tranquillité s’étiole aussi, trop de touristes en quête de jeunesse éternelle perturbent l’équilibre fragile de la vallée….
Certains n’hésitent plus à le dire « le temps où les gens vivaient très longtemps est révolu », la nouvelle génération ne reste pas dans cette petite bourgade andine à la végétation luxuriante, les jeunes en quête de nouvelles perspectives s’en vont loin des bienfaits de Vilcabamba qui abrite quelques plantes médicinales, comme le Huilco (le nom de Vilcabamba dérive de cette plante: Huilca Pamba ou Vallée de l’Arbre sacré).
Et si les mauvaises habitudes s’instaurent progressivement en mettant en péril un modèle qui a fait ses preuves et qui fascine scientifiques et journalistes, cela n’a pas empêché l’ambassadeur Leonardo Arízaga de participer à l’automne 2012 au festival de Rugao,un évènement consacré aux centenaires qui se célèbre chaque année en Chine. À cette occasion le représentant équatorien avait qualifié Vilcabamba « d’endroit idéal au monde pour passer sa retraite ».
Et nombreux sont les communs des mortels attirés par une perspective d’une vieillesse longue et paisible qui ont entendu les gérontologues évoquer « le pays où les vieux sont les plus vieux au monde ».
*Le Buen Vivir est un principe constitutionnel fondé sur le « Sumak Kawsay », qui comprend une vision du monde centrée sur l’être humain, dans le cadre d’un environnement naturel et social.
(Aline Timbert)
https://www.actulatino.com/2015/03/11/equateur-vilcabamba-symbole-du-bon-vivre-pour-les-autorites-equatoriennes/
J’ai été plusieurs fois en Équateur, mais hélas je n’ai pu aller dans cette vallée dont j’ai appris l’existence dans ma prime jeunesse, il y a plus de 50 ans (par mes repères, c’était avant 1971) par un article d’une revue sur les explorations et les voyages. Déjà, dans l’article, l’auteur signalait qu’un nord- américain projetait de
s’ « installer » dans cette vallée repérée pour ses bienfaits ancestraux…. Déjà, je percevais avec crainte que le monde post industriel allait progressivement mettre en danger et détruire ce que les peuples dits ‘anciens’ avaient créé, par leurs pratiques de l’espace (la géographie) et du temps (leur histoire) et ce, sans s’en rendre directement compte. C’est à dire, dans leur présent quasiment éternel.
Le monde dit « moderne », prisonnier de sa recherche du développement qu’on constate maintenant comme artificiel, ‘consomme’ ce que de grandes civilisations et des cultures avaient élaborées dans leur géographie et leurs histoires. C’est une consommation faite par un tourisme prédateur, le plus souvent inculte, qui « consomme » donc du pays et des civilisations qui ne se reproduiront plus. De même, par exemple, par l’extraction des terres rares et leurs contenus métallifères pour nos logiciels surpuissants pour interconnecter des milliards de personnes et d’objets etc. Sans parler des atteintes à l’environnement et à l’écosystème.
Le sujet est inépuisable !