Pérou : Noël dans les Andes, le syncrétisme se manifeste dans les traditions !

perou19122016

Noël est célébré de façon originale dans les Andes péruviennes, car le syncrétisme religieux est très marqué dans cette région du monde. Ainsi, à la fin décembre, on réalise plus que jamais que cette empreinte catholique certes très forte, fruit de l’évangélisation, se mêle à la persistance des traditions et croyances anciennes.

Bon nombre des manifestations culturelles qui se tiennent durant la période de Noël ont des origines coloniales, lorsque la Couronne d’Espagne a œuvré à l’acculturation des peuples natifs et à leur conversion au catholicisme. Cependant des manifestations, comme la danse des ciseaux, ont conservé les traces pré-coloniales.

La danse des ciseaux, une tradition andine où se mêlent croyances ancestrales et foi catholique

La danse des ciseaux est une danse originaire du Pérou. Les peuples andins qui vivent au sud des Andes considèrent cette danse comme rituelle. La danse des ciseaux, également appelée « Galas » mélange croyances catholiques et religions précolombiennes. A l’époque coloniale, les prêtres pensaient que les danseurs avaient fait un pacte avec le diable en raison des prouesses physiques qu’ils exécutaient.

On trouve la danse des ciseaux dans les régions d’Ayacucho, Apurimac, Huancavelica et dans le nord d’Arequipa. A Huancavelica, la danse des ciseaux, inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité s’inscrit dans le cadre de la Nativité, en mêlant adoration de l’Enfant Jésus et symboles préhispaniques.

La danse des Negritos, pour ne pas oublier la présence de l’esclavage au Pérou

Outre cette célébration connue et reconnue par l’UNESCO, l’une des danses les plus représentatives de cette fin d’année est connue comme celle de « la Confrérie de los Negritos ». Il s’agit d’une célébration allégorique qui évoque les esclaves noirs qui ont été libérés aux alentours de Noël par le maréchal Castilla au 19e siècle (13 décembre 1854).

La danse des Negritos, avec ses particularités régionales, est mise en scène dans diverses régions telles que Pasco, où se tient le Festival de los Negritos, cet événement se célèbre autour d’une naissance, l’arrivée de l’Enfant Jésus.

La danse des Negritos est une forme d’art populaire traditionnel et typique datant de l’époque coloniale alors que les esclaves africains ont été amenés d’Afrique pour exécuter des travaux forcés dans les mines, ou encore comme serviteurs dans les haciendas.

À cette époque, les esclaves étaient autorisés à danser et à chanter uniquement entre Noël et le Jour des Rois (entre le 25 décembre et le 6 janvier) et ils faisaient, à cette occasion, glisser leurs chaînes en exécutant des sauts et des pirouettes.

Un autre fait qui donne plus de force à l’idée de célébrer cette expression d’une forme d’émancipation et de reconnaissance en  ce mois de décembre est l’abolition de l’esclavage annoncée au Pérou par le président de l’époque. Aujourd’hui, cette représentation andine évoque à travers la danse les habitants déracinés d’origine africaine qui vivaient dans la région.

Les membres des différentes confréries ou troupes de danse se produisent dans les rues devant la population rivalisant d’agilité et de dextérité au rythme de la musique afro-hispanique.

Un patrimoine culturel d’exception témoignant d’un profond métissage culturel

Le début de la danse est exécuté par « Les Caporales », elle est représentée par deux individus qui portent des masques sombres en cuir brillant. Les artistes sont élégamment vêtus de costumes de velours noir, brodés avec des rubans d’or et d’argent, des paillettes, ils complètent leur tenue vestimentaire avec des chapeaux à plumes colorées de couleurs vives.

Un autre personnage portant une veste élimée et une longue barbe est un membre important, il représente à travers son masque une vieille noblesse espagnole, qui, avec sa matraque et son fouet, taquine le public et effraie les enfants.

Le reste des danseurs effectuent des figures burlesques dont la signification est double, à la fois sacrée et profane. La première se manifeste dans le culte rituel de l’Enfant Jésus, tandis que le côté laïc s’exprime dans des satires contre le pouvoir politique et l’oligarchie.

Le paisible village de Huayan, situé dans la province de Huarmey, région d’Ancash, vit chaque année une période intense au début des célébrations de son festival traditionnel pour la naissance de l’Enfant Jésus au rythme de la musique, de la danse et de la chorégraphie.

L’attraction de ce festival est la danse des Negritos de Huayan, la « danza » a été reconnue comme patrimoine culturel de la Nation en 2009 sous les traits d’une danse sacrificielle rappelant les vertus fondamentales du christianisme.

Au Pérou, les fêtes de fin d’année se vivent de différentes manières, mais avec la même dévotion religieuse et l’esprit de cohésion familiale et du respect du passé. Une revendication identitaire qui n’est jamais très loin dans un pays qui a vécu la colonisation, l’évangélisation et le métissage culturel et religieux.

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