Le climat social reste toujours tendu en Colombie, ils étaient encore des milliers à manifester, hier, leur mécontentement contre le gouvernement d’Iván Duque. Une mobilisation qui a englobé plusieurs secteurs de la société parmi lesquels des enseignants, des étudiants, des syndicats, mais aussi des représentants de communautés indigènes.
Tous réclament des réformes profondes de la société dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la sécurité ou encore de l’environnement, alors que les habitants pointent du doigt les inégalités marquées qui caractérisent le pays.
Les Colombiens sont également sortis dans les rues pour dénoncer la mort de centaines de leaders sociaux, parmi lesquels des dirigeants natifs, originaires de zones où des rebelles de l’ELN, des narcotraficants, paramilitaires, ou encore des dissidents des FARC continuent de semer la terreur, en particulier dans la région de Cauca (au sud-ouest de la Colombie).
Bien que la plupart des manifestations de ce 4 décembre se soient déroulées de manière pacifique, des scènes de pillages et de violences ont malgré tout éclaté dans plusieurs endroits du pays. Les forces de police ont réprimé ces débordements.
Des manifestations qui secouent la Colombie depuis le 21 novembre
Confronté depuis plusieurs semaines à la grogne populaire, le président de droite, I.Duque, avait demandé à ce que les manifestations de mercredi soient annulées afin de minimiser les répercussions économiques jugées catastrophiques, évoquant des pertes estimées 285 millions de dollars.
Les commerçants se disent particulièrement impactés par les protestations. D’ailleurs, ce jour, le chef d’Etat a annoncé une aide pour soutenir les petits commerçants au moyen d’un accès au crédit à taux bas.
Depuis le 21 novembre, de nombreuses villes du pays sud-américain, dont la capitale Bogotá, connaissent des manifestations quotidiennes, bien qu’elles se déroulent majoritairement dans le calme au son des casseroles («cacerolazos»), quatre personnes ont déjà perdu la vie pendant ces mouvements sociaux, et au moins 500 personnes ont été blessées parmi des civils, mais aussi des militaires et les policiers.
Une bavure militaire qui a remis en question la politique sécuritaire du gouvernement
En cette fin d’année, le président Duque est au plus bas dans les sondages. Sa popularité a connu une chute libre depuis le scandale qui a conduit à la démission forcée du ministre de la Défense, Guillermo Botero (survenu le 6 novembre dernier).
Ce dernier a été jugé responsable du bombardement de l’armée contre un camp de dissidents des FARC, au mois d’août dernier, qui a fait au moins 8 morts parmi des enfants et jeunes adolescents (un dernier bilan faisant mention de 18 mineurs décédés). Une information longtemps dissimulée à la population et qui a engendré colère et émotion.
Une dernière enquête d’opinion révèle que 69% de Colombiens désapprouvent la gestion politique du chef d’État. La troisième « grève nationale » a été visiblement moins suivie que celle du 21 novembre, lorsqu’une marée humaine avait envahi les rues pour remettre en cause les orientations économiques et sociales du gouvernement installé au pouvoir depuis 16 mois.
La ministre de l’Intérieur, Nancy Patricia Gutierrez, a estimé qu’environ 40 000 personnes ont défilé hier en différents points de la Colombie, les organisateurs du mouvement contestataire ont avancé un chiffre de participants beaucoup plus élevé.
Les tensions qui agitent la Colombie s’inscrivent dans un mouvement de défiance qui secoue de nombreux pays latino-américains depuis plusieurs semaines maintenant. Le Chili, l’Équateur et la Bolivie connaissent également de sérieux troubles remettant en question les agissements du pouvoir en place.