Le président colombien accuse le Venezuela de soutenir le narcotrafic

Tensions accrues entre le Venezuela et la Colombie
Drapeau du Venezuela

Mardi 22 septembre 2020, le président de Colombie, Iván Duque, a pris la parole en visio-conférence (en raison de la pandémie), devant l’Assemblée générale de l’ONU. A cette occasion, il a tenu un discours véhément pour dénoncer la politique de son voisin vénézuélien.

Le chef d’État conservateur s’en est pris au régime socialiste de Nicolás Maduro et l’a ouvertement accusé de connivence avec les trafiquants de drogue et les groupes terroristes. De fait, il n’a pas hésité à qualifier les actions de Maduro de « menaces pour la démocratie » :

« Le régime dictatorial de Maduro se nourrit des ressources du trafic de drogue, héberge des terroristes et constitue une menace constante pour la démocratie dans la région et dans le monde », a affirmé sans détour le président de Colombie.

La Colombie accuse le Venezuela de faire le lit du narcotrafic

Il a peu, le président des États-Unis, Donald Trump, avait également évoqué la situation tendue au Venezuela. Il a fait part de sa volonté d’œuvrer pour permettre le retour à la démocratie dans ce pays en proie à une crise politique, économique et sociale aussi profonde que pérenne.

Il avait affirmé au sujet du pays se qualifiant d’anti-impérialiste « Pour les Vénézuéliens piégés dans ce cauchemar, sachez que toute l’Amérique est unie derrière vous ».

Trump, comme son homologue colombien, a évoqué les complicités présumées du régime post-chaviste avec des entreprises illégales. Le président des États-Unis a affirmé dans un communiqué que Nicolás Maduro est perçu dans son pays comme un maillon favorisant le narcotrafic en Amérique.

Iván Duque dénonce la corruption qui caractérise le régime de Maduro

La Colombie et le Venezuela possèdent une frontière commune de plus de 2 000 km, pour I. Duque, les guérilléros et autres groupes illicites, qui se financent avec le trafic de drogue, ont trouvé sur le territoire vénézuélien, un refuge.

«Le trafic de drogue est à l’origine de toute corruption, participe à toutes les chaînes criminelles et est le germe de la dégradation sociale», a déclaré le locataire du Palais Nariño à Bogotá ajoutant que le narcotrafic est le plus grand des fléaux :

« Le trafic de drogue alimente le trafic d’êtres humains, le trafic d’armes, l’extraction illégale de minéraux, la déforestation, la contrebande. Le trafic de drogue fracture les familles, brise les valeurs sociales, menace constamment la vie de millions de personnes dans le monde et promeut les inégalités, semant la haine, la violence et la mort sur des terres pacifiques ».

Duque s’exprimant devant l’ONU le 22/09/2020

Il faut rappeler que le Venezuela a rompu ses relations avec la Colombie depuis février dernier après que ce dernier ait reconnu, avec cinquante autres pays, le chef de l’opposition, Juan Guaidó, comme président du pays par intérim.

De futures élections au Venezuela déjà remises en question par la communauté internationale

Sur la même longueur d’onde concernant la nécessité de donner un nouveau souffle politique à la nation sud-américaine malmenée, D.Trump et I.Duque soutiennent la tenue d’un processus électoral fiable et intègre :

« Nous devons lancer un appel énergique à toutes les nations du monde pour qu’elles élèvent la voix et exigent des élections vraiment libres, et disent non à ce simulacre électoral vers lequel on veut conduire le peuple vénézuélien en ce mois de décembre uniquement pour perpétuer la dictature », a lancé le président colombien.

Les élections législatives au Venezuela sont prévues ce 6 décembre et Maduro a assuré qu’il était « impossible » de les reporter, malgré les recommandations de l’Union européenne. Bien que la majorité de l’opposition rejette les élections, le double candidat à la présidence du Venezuela, et l’opposition menée par Henrique Capriles, a appelé à participer.

Le Groupe international de contact (GIC), qui rassemble des pays européens et plusieurs pays d’Amérique latine, a d’ores et déjà précisé qu’il n’enverrait pas d’observateurs à ces élections, faute de transparence et d’équité dans le processus électoral.

Vive réaction du ministre des Affaires étrangères vénézuélien devant les propos d’I.Duque

Le ministre des Affaires étrangères du Venezuela, Jorge Arreaza, a très vite réagi aux propos de Duque à l’ONU et a taclé le président de « menteur » :

« L’hypocrisie d’Iván Duque est sans limite. Il se présente comme un héros de la paix, des droits de l’homme, de la lutte contre le trafic de drogue. Il est impossible de croire à une seule déclaration. La communauté internationale n’est pas stupide M.Duque », a-t-il déclaré dans un message publié à via son compte Twitter ajoutant :

« Vous vous tenez devant le monde, comme un menteur sans pareil », dit-il.

Le président colombien a également fait mention d‘un récent rapport émis en septembre sur le Venezuela par la Mission spéciale des Droits de l’Homme. Les enquêteurs de l’ONU soupçonnent Maduro et ses principaux ministres d’être liés à d’éventuels «crimes contre l’humanité».

« Le but recherché au Venezuela avec les crimes contre l’humanité, c’est de perpétuer la tyrannie. Et tout le monde, absolument tout le monde au sein de la communauté internationale, doit rejeter cette situation« , a exhorté le président Duque.

Une situation inextricable qui a poussé 5 millions d’habitants à quitter le Venezuela

La crise économique et sociale prolongée que traverse le Venezuela a valu à quelque 5 millions de personnes de quitter le territoire national en quête d’une vie meilleure, loin, entre autres, des multiples pénuries (médicaments, aliments, carburants…) et de l’inflation incontrôlée.

La Colombie est le pays qui a accueilli sur son sol le plus de Vénézuéliens. Environ 1,7 million de personnes ont ainsi choisi l’exode vers le pays voisin, selon les dernières données par les autorités de l’immigration.

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