Chili : Deux candidats que tout oppose en face-à-face au 2e tour des présidentielles

Les urnes ont livré leur verdict à l’issue du premier tour des élections présidentielles au Chili qui s’est tenu dimanche 21 novembre 2021. Ce scrutin a opposé au total sept aspirants à la tête de l’Etat.

Chili, Santigo

Et comme attendu, les résultats témoignent d’un profond clivage parmi la population de ce pays sud-américain avec deux candidats diamétralement opposés qui s’affronteront au second tour le 19 décembre prochain.

D’un côté, on retrouve le candidat de la droite dure, José Antonio Kast, et de l’autre côté de l’échiquier politique, le candidat de gauche, Gabriel Boric.

L’un de ces deux rivaux sera dans quelques semaines élu pour succéder à Sebastián Piñera afin d’occuper les plus hautes fonctions à La Moneda.

Un duel politique marqué par le profond clivage politique qui caractérise le Chili

José Antonio Kast a récolté 28% des suffrages tandis que Gabriel Boric a remporté 25,5% des bulletins de vote. De fait, ce sont donc deux visions de l’avenir du Chili qui vont se confronter durant cette campagne d’entre-deux-tours.

Un candidat à droite de la droite : José Antonio Kast

Pour José Antonio Kast, le Chili doit opter pour une politique ultra sécuritaire et doit mettre fin aux secousses qui bouleversent la paix. Rappelons que le pays a connu une vague de révoltes sociales marquées par les violences au cours de ces dernières années. Le candidat en question n’a pas caché son intérêt pour la politique menée par Donald Trump aux États-Unis ou encore pour le mandat du chef d’État brésilien, Jair Bolsonaro.

Ses ambitions sont celles d’un candidat de droite extrême avec un projet économique ultra libéral. Conservateur, cet avocat de 55 ans et père de neuf enfants, est antiavortement et s’oppose au mariage pour tous. Il a gagné sa popularité en promettant davantage d’ordre et de sécurité dans un pays marqué par les conflits sociaux. Dans cette optique, il fait de la lutte contre la criminalité et délinquance, le terrorisme et le trafic de drogue son leitmotiv.

Un candidat de gauche soutenu par les communistes : Gabriel Boric

Le prétendant de gauche âgé de 35 ans seulement, ancien leader étudiant lors du mouvement de 2011, propose un programme fondé sur davantage d’équité sociale à tous ceux qui ont été déçus par ce qu’on a appelé « le miracle chilien » (à savoir les réformes économiques libérales déployées sous la dictature militaire d’Augusto Pinochet).

Ses propositions, construites avec le soutien du parti communiste, constituent un virage total avec le libéralisme économique en place depuis trois décennies. Boric défend une présence plus marquée de l’État dans l’économie et, surtout, il souhaite mettre fin à la gestion des retraites aux mains du privé. En effet, les salariés versent 10% de leurs revenus sur un compte personnel géré par des Administrateurs de fonds de pension (AFPs), des organismes financiers privés chargés de les faire fructifier.

Un second tour qui s’annonce très disputé

La campagne d’entre-deux-tours s’annonce musclée et la chasse aux réserves de voix a commencé. Les deux vainqueurs disposent de 28 jours pour nouer des alliances avec les candidats malheureux du premier tour, le parti du centre est particulièrement convoité. C’est en effet la première fois depuis le retour à la démocratie en 1990 que les partis traditionnels de centre-gauche et de centre-droit ne seront pas en lice au second tour.

Le libéral Franco Parisi, candidat qui n’a pas daigné mettre les pieds au Chili pendant toute la campagne, a néanmoins créé la surprise en se plaçant à la troisième place avec 12,80% des suffrages. Les voix de ses sympathisants pourront dons être cruciales au second tour pour faire pencher la balance en faveur de Kast ou bien de Boric.

Les candidats centristes balayés dès le 1er tour de la présidentielle chilienne

« Je ne veux pas que l’extrême gauche gagne au Chili », a annoncé Sebastián Sichel, candidat du parti de droite au pouvoir, qui est arrivé quatrième du scrutin avec 12,79% des voix.

De son côté, Yasna Provoste, cinquième, a indiqué vouloir écouter Boric et ses propositions pour le second tour, mais a précisé qu’en tant que leader du centre-gauche, sa volonté « ne peut jamais être neutre », et a affirmé qu’il ne peut pas favoriser « l’avancée du fascisme incarné par Kast ».

Le candidat de gauche s’est imposé dans la capitale du pays (31,02% des voix), tandis que le candidat conservateur a fait le plein de voix dans le sud du Chili La Araucanía (42,16% des voix) et dans le nord De Tarapacá. Le pays est frappé par une crise migratoire liée à l’afflux d’exilés vénézuéliens, ce qui aurait contribué à sa popularité.

Par ailleurs, le conflit Mapuche est également au cœur de la campagne électorale, et le candidat Kast a promis la plus grande fermeté dans la région de l’Araucanie.

Sebastián Piñera appelle à la modération dans l’entre-deux-tours

Hier, le taux de participation s’est élevé à 47,19% (7 millions de votants sur les 15 millions qui étaient appelés aux urnes) pour ce scrutin, alors que le pays connait toujours un taux d’abstention très important alors que le vote a cessé d’être obligatoire en 2012.

« Je félicite José Antonio Kast et Gabriel Boric d’avoir triomphé au premier tour« , a déclaré le président en place Sebastián Piñera, qui n’a pas pu se représenter et qui abandonnera son poste en mars 2022.

Dans un pays plus que jamais divisé, Piñera a demandé à la fois d’éviter la polarisation et la confrontation à l’approche du deuxième tour.

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